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10e vendredi de manifestations pour un changement radical : « Ce peuple ne veut pas de Gaïd Salah et Saïd »
lundi 29 avril 2019, par
Les algériens exigent le départ de tout le système : La mobilisation intacte
El Watan, 26 avril 2019.
Nous avons franchi hier la barre symbolique de 10 vendredis consécutifs de manifestations massives pour un changement radical en Algérie. Et l’un des messages forts de ce vendredi, c’est la réponse massive, définitive, de « Son excellence le peuple algérien » à Gaïd Salah et son équipe pour lui exprimer son rejet catégorique de son plan de sortie de crise.
Alors que les vendredis précédents les avis étaient quelque peu mitigés et Gaïd Salah avait sa part de « Yetnaha ga3 » comme tout le monde, à parts égales avec les Bensalah et consorts, hier, c’était lui la cible principale du ressentiment populaire.
Ainsi, l’un des slogans les plus retentissants qui ont été scandés par une foule de manifestants disait : « Had echaâb la yourid Gaïd Salah we Saïd » (ce peuple ne veut pas de Gaïd Salah ni Saïd Bouteflika).
Jusqu’à 11h, hormis la Grande-Poste qui reste la première place à être occupée par les manifestants les plus matinaux, les autres places, squares et artères étaient moins animés que lors des vendredis des grosses mobilisations. Il a fallu attendre la mi-journée pour voir la rue Didouche Mourad, la place Maurice Audin, la Place du 1er Mai se réveiller bruyamment.
Des groupes de parole se constituaient, donnant lieu à des débats intenses. Un « speaker’s corner » a même été institué à la place Audin, tribune à laquelle se succédaient de nombreux citoyens pour commenter l’actualité politique. Une forêt de drapeaux où flottaient avec harmonie l’emblème national et le drapeau berbère, recouvrait la capitale.
La foule grossissait d’heure en heure, et après la prière du vendredi, ce sont carrément des fleuves humains qui se déversaient sur la rue Hassiba, sur le boulevard Amirouche, sur la rue Didouche et les autres artères de la capitale, démentant ainsi, une nouvelle fois, les pronostics qui prédisaient une baisse de forme du mouvement couplé à un supposé « effet dissuasif » lié aux menaces distillées par Gaïd Salah et ses références répétées au mot « complot ».
Une énorme banderole à la place Audin résume bien cet état d’esprit : « On ne reculera pas », une autre renchérit : « On ne lâche rien, nous sommes déterminés ».
Des barrages filtrants anticonstitutionnels !
Le dispositif de police était allégé aux grands points de ralliements, et on pouvait, comme vendredi dernier, noter simplement la mise en place d’un cordon de sécurité pour barrer l’accès au Tunnel des facultés, surnommé « Ghar hirak ».
Mais cette discrétion toute relative de la police ne doit pas nous faire oublier le déploiement agressif et « anticonstitutionnel » des forces de la Gendarmerie nationale à l’extérieur de l’agglomération algéroise, pour empêcher des Algériens de se rendre dans la capitale de leur pays.
C’est proprement scandaleux ! Tôt la matinée, Saïd Salhi, vice-président de la LADDH – pour ne citer que ce témoignage – alertait à travers son compte Facebook : « A l’instant, on vient d’être refoulés violemment de l’autoroute au niveau du tunnel de Lakhdaria sur notre route vers Alger par la gendarmerie.
On a été interpellés et emmenés avec des menottes sous des insultes et des menaces. Notre drapeau national nous a été confisqué. Voici la dictature militaire qui s’installe doucement. »
Les chants et les slogans d’hier reprenaient en gros les mêmes mots d’ordre « dégagistes » qu’on entend depuis quelques semaines : « Echaâb yourid yetnahaw ga3 ! » (le peuple veut qu’ils soient tous virés), « Ennehou el issaba nwellou labass » (on enlève la bande au pouvoir et on sera bien), « Libérez l’Algérie ! », « Ulac smah » (pas de pardon), « Pouvoir assassin ! », « Klitou lebled ya esseraquine » (vous avez pillé le pays, bande de voleurs), « Maranache habssine, koul djemaâ khardjine » (On ne s’arrêtera pas, chaque vendredi on est là), « El Djazaïr amana, klitouha ya el khawana » (On vous a confiés l’Algérie, vous l’avez pillée, bande de traîtres).