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AG 2019 à Dijon. De Dijon à Meskina ... Il n’y a qu’un pas. Le visiteur de prison ...

lundi 1er avril 2019, par Gérard C. Webmestre

Ce présent vous est offert par un adhérent de la 4ACG qui a exercé la mission de visiteur de prison durant 33 ans.

Voici l’histoire :

Le 2/5/1989, l’assistante sociale de la Maison d’Arrêt m’a demandé d’aller rencontrer un homme d’une soixantaine d’années, Chafaï, qui avait tué son épouse, mère de trois enfants : l’aînée âgée de cinq ans, un garçon de trois ans et le dernier de six mois. Cet homme, d’origine algérienne, retraité de la métallurgie (Vallourec à Montbard), était un papa qui n’a jamais cessé de pleurer ses enfants.

En 1991, il a été condamné à 12 ans de prison, sans jamais être déchu de l’autorité parentale.

L’assistante sociale, mon épouse et moi avons eu le souci pour ces trois enfants, placés chez les grands-parents maternels. Chaque mercredi ou samedi après-midi, mon épouse ou une autre visiteuse de prison allions rencontrer et parler de leur papa à ces enfants.

Au conseil de famille où je fus désigné pour représenter les intérêts du papa, je me retrouvais face à une dizaine de personnes représentant les intérêts des victimes.

Durant sa détention, le papa n’a jamais revu ses enfants ; il n’a même pas obtenu l’autorisation de les voir grandir avec des photos. Tous les contacts passaient par mon intermédiaire.

Dès son incarcération, le papa percevant sa retraite, a sollicité l’assistante sociale et moi pour ouvrir un livret d’épargne à ses trois enfants : à ses 18 ans, la fille s’est rendue à la poste et a eu l’agréable surprise d’y recevoir 10.000 francs ; aussitôt, elle écrit une lettre de remerciements, remplie de gentillesse et d’affection à son papa.

Après trois ans passés à la Maison d’Arrêt, il a été transféré au Centre de Détention à Toul, où j’allais lui rendre visite une fois par mois. Il me considérait comme son frère.

Dès sa libération, en 1998, un foyer résidences sociales l’accueillit à Dijon ; de la chambre, il est passé au studio pour emménager dans un F1 d’une cité HLM. Souffrant de diabète, hospitalisé au CHU et de plus en plus affaibli, il a été accueilli dans un EPHAD pour y terminer sa vie.

A son décès et comme il l’avait souhaité, il est retourné dans son village natal, Meskina.

Plusieurs mois après son retour à sa terre natale, j’apprenais que Chafaï m’accordait un legs. Je souhaite vous le partager et vous pourrez ainsi imaginer que ce cadeau bourguignon vous est offert par Chafaï.

CONTRE TOUTE VIOLENCE, LA FRATERNITE