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Un documentaire à ne pas manquer !

« Algérie, tours/détours » sur les traces de René Vautier

Autour de films, des algériens s’expriment sur leur pays.

mercredi 28 avril 2010, par Gérard C. Webmestre

Ce documentaire, réalisé par Oriane Brun-Moschetti et Leïla Morouche, tourné en 2004, avec la participation de René Vautier, réunit images du passé et images du présent. C’est une libre expression des algériens sur leur société avec pour point de départ : le cinéma.
A ne pas manquer !

A Nantes, des actions culturelles sont proposées à des personnes en précarité, et c’est ainsi que le restaurant social a proposé ce film « Algérie tours/détours » gratuitement et ouvert à tout public, le 16 avril 2010.

Nous étions une cinquantaine, dont des immigrés et des personnes sans papiers, venus voir et débattre de ce documentaire en présence des deux réalisatrices.

A propos du film :

A l’origine, Oriane Brun-Moschetti et Leïla Morouche, encore étudiantes, projetaient de réaliser un film sur René Vautier. Suite aux repérages en Algérie et au voyage là-bas avec René, elles ont vite opté pour un film sur le cinéma algérien. Elles découvrent un pays « entre un passé que l’on découvre sans cesse et un présent qui nous échappe encore ».

René Vautier, témoin de la guerre, réalisateur entre autres films de « Avoir vingt ans dans les Aurès », est considéré comme le père du cinéma algérien. C’est l’initiateur du centre audiovisuel d’Alger créé en 1962. Il a aussi créé les projections-débats itinérantes des cinés-pops.

Réalisé de 2004 à 2007, tourné en itinérant avec deux caméras, filmant les soirées de projections de ciné-pops( Alger, Béjaïa, Tizi-Ouzou, Tebessa, Biskra) , les réalisatrices nous offrent pendant presque deux heures un visage multiforme et plein d’émotion de la société algérienne.

Leïla Morouche

Le cinéma aujourd’hui en Algérie :

Le pouvoir a peu à peu fermé les salles et actuellement la production de films algériens est presque inexistante.

A Alger, l’association Lumières, composée surtout de techniciens et cinéastes au chômage, défend et essaie de sauver ce patrimoine et de faire revivre le cinéma algérien.

C’est à Béjaïa que l’association « Project’heurts » propose des séances destinées au grand public, afin de leur permettre de renouer avec le cinéma.

Des témoignages :

Les projections sont l’occasion pour les spectateurs algériens de s’exprimer avec spontanéité et conviction. René, connu et reconnu par tous, est le passeur de mots, celui qui écoute, comprend, s’engage encore « ne jamais plier devant la censure, discuter » dit-il. Oriane et Leila sont attentives et réceptives à toutes les formes d’expression.
Le film, tourné dans des régions différentes d’Algérie, nous offre des aspects divers de la société :
 public d’hommes s’exprimant sur les femmes, désirant voir la situation de celles-ci évoluer, mais… « nous ne sommes pas mixtes dans nos têtes », conclura l’un d’eux.
 public de femmes manifestant leurs positions personnelles, leurs différences entre elles.
 jeunes rappeurs, peu appréciés des autorités de Biskra, qui revendiquent une salle pour répéter et le droit de créer, et auxquels on répond de « passer par les canaux officiels ».
 etc…

Quelques échanges et propos relevés dans le film :

« Il y a une démocratie, mais on ne l’a pas vue. Elle n’est pas pour les pauvres, mais pour les riches ».
« On est en train de faire que les choses évoluent »
« Laissez-nous faire notre société »
« On peut faire quelque chose dans ce pays »

La guerre, le terrorisme, le statut des femmes, la drogue, l’absence de culture… et bien d’autres problèmes sont évoqués.

Oriane Brun-Moschetti

Le débat suite à la projection.

Les deux réalisatrices nous apportent quelques précisions :

Ce film a été projeté deux fois en Algérie. Les algériens ont été très surpris de leur propre capacité d’expression, et très émus de se voir dans ces témoignages.

Les publics dans le film sont rarement mixtes, mais dans la vie, si des lieux publics d’expression commune hommes-femmes n’existent pas, la parole entre les deux sexes circule beaucoup dans les sphères privées.

Elles ont pu filmer et circuler librement, grâce à la présence de René Vautier, très connu et très apprécié dans le milieu cinématographique et la population.

Quelques personnes émigrées parmi les spectateurs se sont aussi exprimées sur le film, soulignant sa justesse documentaire.

Elles expliquent aussi que la Kabylie reste à l’avant-garde de l’évolution de la situation sociale de la femme. Ceci est du à la tradition de cette région, qui a toujours été porteuse de protestation.

En conclusion :

« Faire en Algérie avec les gens les images sur les problèmes qui se posent » (René Vautier ), c’est exactement ce que les deux réalisatrices ont su recueillir et transmettre : une prise de conscience .


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