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Au Festival d’Avignon, de jeunes compagnies théâtrales affrontent la Guerre d’Algérie

mardi 9 juillet 2019, par Gérard C. Webmestre , Michel Berthelemy

Depuis quelques années, le jeune théâtre aborde frontalement le thème de la Guerre d’Algérie, en fouillant dans les mémoires de ceux qui, de près ou de loin, l’ont vécue dans leur chair. En interrogeant ces acteurs, en se plongeant dans archives et les documents d’historiens, auteurs et metteurs en scène essaient de faire surgir la vérité d’un événement qu’ils n’ont pas connu mais qui hante leur génération.

C’est le cas de la Cie Nova qui, après l’avoir créé en région parisienne, présente à Avignon le résultat d’un énorme travail de recherche documentaire et de multiples rencontres avec des associations et des historiens. Sous le titre tiré d’une œuvre de Kateb Yacine, « Et le cœur fume encore », Margaux Eskenazi et Alice Carré (respectivement metteuse en scène et conceptrice du spectacle) nous invitent à une traversée kaléidoscopique des mémoires de la guerre d’Algérie, à partir de témoignages recueillis auprès des familles et des proches de l’équipe artistique, mais aussi d’institutions, d’historiens et d’associations comme la 4ACG. En passant du témoignage au jeu, du réel à la fiction, de la poésie de Kateb Yacine et Assia Djebar à l’histoire, Et le cœur fume encore cherche à déterrer les récits de cette guerre si longtemps refoulée, pour tenter d’apercevoir à travers eux les fractures sociales et politiques de la France d’aujourd’hui.

Deux autres spectacles s’intéressent à un épisode dramatique qui, lui aussi, a été abondamment ignoré durant des années : la nuit du 17 octobre à Paris, qui a vu des centaines d’Algériens être matraqués, noyés dans la Seine ou disparaître à jamais.

Plongée dans les eaux troubles du massacre des Algériens du 17 octobre 1961 à Paris, Points de non-retour (Quais de Seine) interroge l’histoire personnelle et la mémoire collective. Écrit et mis en scène par Alexandra Badea, Quais de Seine est une immersion dans et par trois générations aux vies brisées sous le poids des non-dits. Sur scène, l’espace et le temps s’unissent : passé et présent se font face, se jaugent et dialoguent avec des témoignages, des rêves et des fragments d’utopie. Points de non-retour questionne notre rapport au monde quand le passé fait défaut, et donne l’espoir d’une résilience.

Née un 17 octobre met en scène une famille que rien ne préparait à la tragédie qu’ils allaient vivre. Mostefa, son fils Reda et sa petite fille Marie Myriam vivent ensemble dans un vieil appartement de Nanterre. Une famille qui s’aime sans vraiment se connaître. A travers ce terrible événement occulté des mémoires, vont se heurter les imaginaires et les représentations de chacun sur la France, l’Algérie, l’intégration, l’indépendance, le racisme, le capitalisme, les libertés … et les identités. Cette pièce de Rachid Benzine, mise en scène par Mounya Boudiaf, restitue avec beaucoup d’humour, de tendresse et de profondeur, l’histoire des anciens, leurs luttes tues et oubliées. C’est cette puissance réparatrice de la mémoire que Née un 17 octobre vient mettre en lumière.


Et le cœur fume encore : du 5 au 26 juillet, à 18h05 (relâches les 10 et 17), au Théâtre11 Gilgamesh, contact@11avignon.com 

https://www.11avignon.com/programmation/et-le-coeur-fume-encore


Quais de Seine Points de non-retour : du 5 au 11 juillet à 22h, le 12 juillet à 15h – Théâtre Benoît XII, Avignon

https://www.festival-avignon.com/fr/spectacles/2019/points-de-non-retour-quais-de-seine


Née un 17 octobre : du 5 au 28 juillet à 22h10 à La Factory, 4 rue Bertrand, à Avignon.

https://www.avignonleoff.com/programme/2019/nee-un-17-octobre-s26165/


On peut aussi s’intéresser à un récit conté intitulé La clé suspendue, Algérie, une enfance, de et par Marie Tomas

Mostaganem, juin 1962 ;
La porte s’est refermée, le père a glissé la clé dans sa poche et ils sont partis.
C’est l’histoire d’une enfant. Elle a huit ans trois quart.
Elle est joyeuse, elle est curieuse.
Par la fenêtre ouverte, ce matin-là, elle assiste à une scène qu’elle ne comprend pas. Très vite après, avec sa famille, elle s’en va. Elle quitte le pays. Pour elle, c’est l’aventure.
Ainsi commence cette histoire. Le temps d’oublier, le temps de se rappeler…
Sa terre natale n’en finit pas de s’accrocher à son souvenir.
Alors, elle raconte, elle met des mots sur cette histoire d’exil : honorer ses aïeux, célébrer les temps heureux sur une terre nourricière ; évoquer aussi les moments douloureux ; enfin, se relier à ce pays aimé : l’Algérie.

Du 6 au 28 juillet, 13h15, jours pairs
Théâtre des Amants, 1, place du Grand Paradis, Avignon

https://www.avignonleoff.com/programme/2019/la-cle-suspendue-algerie-une-enfance-s25420/

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