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Bilan 2018 pour les Palestiniens de Gaza : la grande marche du retour… mais une situation catastrophique

jeudi 24 janvier 2019, par Ziad Medoukh

par Ziad Medoukh
Responsable du département de Français à l’Université Al Aqsa de Gaza

Cela fait treize ans que les habitants de la bande de Gaza espèrent un changement de leur situation marquée par la souffrance, le maintien du blocus, la poursuite des attaques israéliennes, et leur isolement dans leur prison à ciel ouvert. Et 2018 n’a apporté aucune amélioration, bien au contraire. Les habitants ont tenté pourtant de relever la tête : ils peuvent se montrer fiers de la grande marche du retour, entamée le 30 mars 2018, qui est entrée en janvier dans son dixième mois, malgré une détérioration de leurs conditions de vie économiques, sociales et sanitaires. Abandonnée à son sort par une communauté internationale indifférente ou complice de l’occupant, la région a vu se succéder les événements tragiques, dus à une répression aveugle et criminelle, sans connaître aucun répit sur le terrain.

gaza prison à ciel ouvert - cliché Ziad Medoukh

Un bilan rapide de l’année écoulée fait apparaître une nouvelle baisse du pouvoir d’achat, un recul des capacités de développement de la région, et une incapacité de l’Autorité palestinienne à payer intégralement les salaires de ses fonctionnaires. On est passé, avec un PIB en baisse de 1,3%, d’une économie familiale non-violente à une économie dépendant de l’occupant et des organisations internationales.
A cela s’ajoutent le maintien du blocus israélien et la fermeture totale des passages qui relient la bande de Gaza à l’extérieur. Actuellement, 270 à 320 camions entrent quotidiennement à Gaza via le seul passage commercial ouvert cinq jours par semaine. Ce passage se situe au sud de la bande de Gaza, mais la moitié de ces camions sont destinés aux organisations internationales et à leurs projets de reconstruction d’écoles et de stations d’eau. Autre problème : ce passage se ferme à n’importe quel moment et sous n’importe quel prétexte, par décision israélienne, sans prendre en considération les besoins énormes d’une population civile en augmentation constante. Gaza n’a droit qu’à 160 produits au lieu des 970 qui passaient régulièrement avant le blocus. Quelques produits et médicaments n’entrent pas, interdits par Israël, ce qui a aggravé une situation déjà difficile. Selon les estimations des organisations internationales, la bande de Gaza aurait besoin de plus de 1300 camions par jour pour répondre aux besoins énormes de la population.
Cette fermeture a notamment empêché la libre circulation des importations et des exportations des biens et produits de Gaza, en particulier les matières premières et les produits semi-finis. Concernant la circulation des personnes, les deux passages qui relient la bande de Gaza à l’extérieur n’ont connu qu’une ouverture très partielle, quatre heures par jour pour l’un, et l’autre réservé à seulement 4% de la population : malades, humanitaires et hommes d’affaires.

Le taux de chômage est énorme : 69% pour l’ensemble de la population, 77% chez les jeunes de moins de 28 ans. 75% de la population de Gaza vit en dessous de seuil de pauvreté, 83% des Palestiniens de Gaza vivent grâce aux aides alimentaires. Pour beaucoup d’économistes, l’année 2018 est considérée comme la plus catastrophique pour l’économie palestinienne depuis 20 ans. Sur le chapitre de la répression, on compte pour 2018, 150 bombardements, 95 incursions frontalières, 110 attaques contre les bateaux de pêche, provoquant la mort de plus de 300 Palestiniens.
L’absence d’unité nationale, la réduction de l’aide de l’UNRWA (Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens) suite au retrait américain, le rationnement de l’électricité par l’occupant, qui touche aussi bien les hôpitaux que les usines et les foyers domestiques, la pénurie d’eau captée à leur profit par les colons (la moitié des habitants de Gaza n’a pas accès à l’eau), aggravent dangereusement une situation pouvant mener à une crise humanitaire majeure.A quand une réaction internationale ? A quand une véritable prise de conscience des organisations et des États ? Face à cette inertie générale, les Gazaouis tentent de ne pas sombrer, d’exister, mais surtout de survivre. Mais dans quelles conditions ? Et jusqu’à quand ?

Ziad Medoukh

Lire aussi l’article signé Amira Hass publié dans le quotidien israélien Haaretz le 31 décembre 2018, dont voici le lien :
https://entreleslignesentrelesmots.blog/2019/01/22/les-soldats-de-larmee-de-defense-israelienne-apprennent-a-tuer-des-civils-desarmes-mais-ils-jouissent-de-limmunite-face-a-toute-enquete/

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