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Comment pensent les algériens en cas de difficultés ?
dimanche 3 juillet 2016, par
Mustapha Ouandjli, un ami algérien, publie parfois des articles intéressants sur le journal « Réflexion » de Mostaganem. Voici des extraits de son dernier article, où, au-delà de ses constatations et à travers ses lectures, il nous fait partager ses observations et ses espoirs pour son pays et ses compatriotes.
« Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté » - Winston Churchill
La situation économique et sociale actuelle du pays génère de l’anxiété dans la vie d’un grand nombre d’algériens. Accélération des changements dans le monde, perte des repères anciens et de la visibilité sur le futur, peur de l’imprévisible sous toutes ses formes, tels sont les ingrédients du doute et de la perte de confiance en soi et en la société. Cet état d’esprit est un terrain d’élection du pessimisme collectif.
Notre vie professionnelle, familiale, amicale et intérieure n’est en fait, que le produit raffiné de la succession des opportunités que nous avons rencontrées ou non, osé saisir ou non et avons su plus ou moins bien utiliser par la suite. …/…
Les opportunités apparaissent sous la forme d’offres et de demandes en tous genres en provenance de notre entourage et de notre environnement. ../… Dans tous les cas, se sont les optimistes qui semblent percevoir ces offres et demandes au fur et à mesure qu’elles se présentent puis y répondre efficacement. Pourquoi ? Parce que l’attitude optimiste les maintient, au quotidien, à l’affût de ces « propositions de la vie », transformant régulièrement en « coup de chance » un événement en apparence fortuit et inattendu.
A la fin du chapitre 02 - Réunification Allemande - du livre « Statecraft », Dennis Ross dit : « En politique étrangère, la bonne opportunité ne dure pas et peut se perdre facilement, car elle est limitée dans le temps, et si vous ne la saisissez pas en temps opportun, elle sera perdue pour vous à jamais. »
Chômage, chute des prix du pétrole, terrorisme, crise économique et sociale…. « A quoi bon rester optimiste dans un pays qui va si mal » se demandent généralement les algériens, préférant ainsi éteindre la radio ou la télévision et même ne plus acheter de journaux pour ne plus entendre, voir et lire ces mauvaises nouvelles.
Ces réactions sont malheureusement signes d’une domination de la pensée négative chez les algériens. Ce pessimisme ambiant les rend capables de transformer un simple revers en désastre.
Ce dont nous avons le plus envie finit par arriver…/… Celui qui s’attend au pire finit par être rattrapé par ses attentes négatives. La prophétie du pessimiste se réalise. Elle est rendu possible par l’attention, qui est une des qualités de la conscience « tout ce à quoi vous portez attention grandit. Tout ce à quoi vous ôtez votre attention pâlit, se désintègre et disparaît ».
Les algériens sont-ils des pessimistes ? Peut-on être optimiste ou pessimiste en fonction des contextes ?
L’objectif ici est d’apporter des éléments de réponse à ces questions, en empruntant des arguments aux différents cadres théoriques et constatations.
Mais qui sont les optimistes ?
Selon Carver et Scheier (2001), « les optimistes sont les personnes qui s’attendent à vivre des expériences positives dans le futur. Les pessimistes sont celles qui s’attendent à vivre des expériences négatives »…/…
Le verset suivant du Coran résume à lui seul l’importance d’avoir un comportement positif, de rester fort, et de ne pas s’incliner devant les souffrances de la vie.
Allah dit : « Ne vous laissez pas abattre, ne vous affligez pas alors que vous êtes les supérieurs, si vous êtes de vrais Croyants ». [Al-Imran : 139].
L’optimisme est un sentiment positif en tant que moteur de l’initiative. …/…
L’optimisme, facteur de succès et de travail
La pensée positive n’est pas seulement un indice de motivation et de bonne humeur. Mais l’expérience de chaque jour, nous montre que les hommes et les femmes qui espèrent le meilleur obtiennent davantage que ceux qui ne croient pas en leur bonne étoile. Cette citation du Dalaï Lama est un bon exemple de l’anticipation de la pensée positive « Il n’y a personne qui soit né sous une mauvaise étoile, il n’y a que des gens qui ne savent pas lire le ciel. » …/…
Dans l’entreprise, l’optimisme représente souvent un critère essentiel d’appréciation, en particulier lorsqu’on recrute un nouveau collaborateur. Dès lors que la mission qui lui est confiée exige persévérance, prise d’initiative, esprit d’innovation et créativité, l’optimisme apparaît dans le peloton de tête des critères de choix d’un collaborateur…/… Les pessimistes ont toujours leur chance. Toute entreprise comprend aussi des postes exigeant de ceux qui les occupent un sens aigu des réalités, voire un haut niveau de prudence et d’évitement du risque. …/…
Le pessimisme à l’algérienne
D’après Anne-Marie Filliozat, psychanalyste : « les pessimistes ont des personnalités figées. Mentalement, ils restent « bloqués » sur une pensée sombre, une rumination, et physiquement ils se replient car leur corps retient les émotions négatives. Leur problème, c’est de ne pas permettre à leur organisme de vivre la succession des émotions qui nous rend pleinement vivants. La clé du mieux-être, c’est la fluidité du corps et de l’esprit. »
De ce fait, c’est le pessimiste qui se donne le plus aux attitudes irrationnelles qui consistent à croire que des forces surnaturelles comme la superstition et la sorcellerie sont pour lui la cause de ses malheurs (santé, famille, travail, finance, amour, etc…).
Il faut reconnaître que recourir à certaines pratiques liées à « la magie » et aux guérisseurs traditionnels n’est pas nouveau en Algérie, mais en constate actuellement l’amplification de ce phénomène. En témoignent les rubriques des journaux et les émissions audio-visuelles consacrées régulièrement à ces dossiers. La recrudescence de ce phénomène est signe d’une passivité intellectuelle de la société…/…
Une question se pose : qui sont les commanditaires et les bénéficiaires de la propagation « des pratiques bizarres de ces nouveaux charlatans » ?
L’Association des oulémas musulmans algériens a créé à travers tout le pays des écoles appelées medersas, qui avaient pour objectifs la sauvegarde de la langue arabe ainsi que de l’identité algérienne et, par là même, de nettoyer la société de toute sorte de charlatanisme, opération poursuivie par les militants du Front de Libération National (FLN) pendant la guerre de révolution à partir du 1er novembre 1954. …/…
Nous, Algériens, nous avons peur du changement, nous vivons malheureusement dans le passé, un état que dénonce la sagesse chinoise. Le maitre Kouo-Siang le dit clairement :
« Le passé est mort tandis que le présent est vivant. Si l’on essaie de diriger ce qui vit par ce qui est mort, on échouera certainement ».
Nous sommes angoissés, et cet état entrave notre capacité à s’adapter aux gigantesques mutations de ce 21e siècle.
D’après Jean-Claude Guillebaud, le monde connaît cinq mutations :
Une mutation géopolitique, la mutation due à la mondialisation, la troisième mutation est numérique, vient ensuite la révolution biologique, et enfin la mutation écologique.
D’après lui l’accumulation de ces cinq mutations aboutit aujourd’hui non pas à une crise mais à un changement radical et surtout définitif, qui explique que nous vivons un immense basculement de nos sociétés.
A chaque société ses élites. La société algérienne a produit des élites auxquelles revient le devoir de la servir et de l’aider pour passer à « L’ère du Smart », caractérisée par l’apparition des espaces de plus en plus connectés, où de plus en plus d’objets se substituent à nos gestes. C’est un environnement beaucoup plus personnalisé où un bon nombre d’activités sont affectées :
Le commerce de détail change avec l’arrivée de l’Internet
Les guerres changent à cause de l’emploi des drones
L’enseignement universitaire commence à être modifié par l’utilisation des cours en ligne
La télévision interactive permet de gérer son horaire (visionner ce qu’on veut, quand on le veut)
Le smartphone permet de contrôler la maison : sécurité, confort, chauffage, électroménager etc…
L’enjeu est considérable pour la société et l’économie. Il reste à nos élites à nous orienter pour tirer parti de cette révolution numérique, pour en être acteurs plutôt que de la subir.
Par ailleurs, dans le monde où le flux de l’information est tellement dense et formaté, il est très complexe de se faire une opinion, de se forger une conviction ou de suivre une voie.
A cet effet, il est du devoir de nos établissements d’information d’entreprendre la nouvelle voie d’un journalisme dit « constructif » ou « de solution », qui permet de dresser un portrait plus juste et plus exhaustif du monde, offrant une source d’inspiration et une vision aux lecteurs, auditeurs et téléspectateurs.
Ce type de journalisme valorise le pouvoir de la volonté et de l’action. Il permet aux lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs de s’impliquer pour contribuer à la solution…/…
Vous pouvez lire ici l’intégralité de cet article.