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Débat sans tabous au Lycée de Moissac

dimanche 5 mai 2013, par Gérard C. Webmestre

Anciens appelés et réfractaires ont évoqué la guerre d’Algérie au lycée de Moissac, en compagnie de classes de première et de leurs enseignants

Le 10 avril dernier, des adhérents 4acg se sont rendus à l’invitation d’enseignants et d’élèves de première, au lycée de Moissac. Une documentariste assistait au débat, en vue d’une diffusion prochaine sur une chaîne de télévision nationale

Ce n’était pas la première intervention 4acg dans ce lycée de Moissac. Mais c’était bel et bien une première pour ces lycéens qui, aidés par l’équipe enseignante, avaient préparé notre venue avec beaucoup de soin. Nous étions trois membres de la 4acg : Alain Desjardins, Gérard Kihn, Robert Siméon. Précédant le débat, la projection de L’Ennemi intime a situé le contexte.

L’intérêt des élèves s’est porté principalement sur nos parcours personnels, et sur nos réactions face à un conflit dont ils savent peu de choses, mais dont ils ont entendu parler à travers leurs grands-parents, même si ces derniers sont restés longtemps muets sur le sujet. Une nouvelle fois, nous avons pu vérifier l’impact que peuvent avoir des témoignages directs sur une page de notre Histoire écrite il y a plus de cinquante ans.

Comment expliquer, à cette époque, la volonté stupide d’un pays de maintenir un empire colonial, alors que d’autres puissances émergentes comme l’Inde et l’Indonésie ont accédé à l’indépendance dans l’immédiat après-guerre ? Et que Maroc et Tunisie y ont accédé en 1956 ?

Comment expliquer à ces jeunes gens notre obéissance à des dirigeants incapables ? Et notre absence de réaction, à part celle des rappelés ? Difficile d’expliquer la solitude, l’absence d’informations, de journaux, avec la seule perspective de "la quille", qui nous libérait de l’armée mais pas de notre conscience. Comment raconter les meurtres, les viols, la terrible réalité de deux camps qui avaient opté pour la violence extrême ? Comment dire notre souffrance et notre indignation, qui nous ont amené à créer notre association, cinquante ans après les faits ?

Les lycéens se sont aussi montrés curieux du parcours de ceux qui se sont opposés à la guerre, les Réfractaires non-violents. L’un d’entre eux, Robert Siméon, l’explique : "nous étions peu nombreux, souvent bien seuls, à proclamer notre vérité. Et nous avons subi la prison pour avoir dit non".

Alexis Sempé, professeur d’histoire et enseignant au lycée, a complété nos témoignages. Il vient de publier, aux éditions La Louve, le récit de son engagement et de son combat en Algérie. Sous le titre Un instituteur communiste en Algérie, 1936/1963, il raconte ses quinze ans d’enseignement en Algérie. Adversaire résolu de la colonisation, son témoignage rejoint le nôtre et l’éclaire d’un jour différent.

Des discussions passionnées, avec quelques lycéens restés spontanément avec nous, se sont poursuivies en compagnie de Marie-Hélène Roques, journaliste à FR3, qui réalise un documentaire de cinquante minutes sur la passation de la mémoire, dans lequel elle réserve une séquence importante à la 4acg. Diffusion prévue sur FR3 en octobre prochain.

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