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État d’urgence et spectres de la guerre d’Algérie

samedi 27 février 2016, par François-Régis Guillaume

par François-Régis Guillaume

Dans le débat public, à la suite du massacre du 13 novembre, le recours à l’état d’urgence a fait ressurgir les comparaisons avec le début de la guerre d’Algérie, qui a vu l’adoption de la première loi sur l’état d’urgence.
C’est ainsi que le journal satirique algérien, El Manchar, au lendemain du premier tour des élections régionales de décembre 2015, titrait avec humour : « Terrorisme, état d’urgence et victoire d’un parti extrémiste, l’Algérie dépose plainte contre la France pour plagiat »

On trouvera cette citation dans un long article (9 pages) d’Emmanuel Blanchard, le 16 février, "Etat d’urgence et spectres de la guerre d’Algérie" sur le blog : La Vie des Idées

On y trouvera surtout une analyse comparée des mesures récentes ou en projet avec la série des mesures d’exception qui se sont additionnées pendant la durée de la guerre. Une analyse juridique détaillée de ces mesures, mais aussi de leur signification politique et de l’état de l’opinion. Je citerai les sous-titres et la conclusion :

État d’urgence et état de guerre, Interner les suspects, Des espaces de souveraineté policière, Le ciblage des « musulmans »

Un néo-molletisme ?

Après avoir développé tous ces thèmes, Emmanuel Blanchard conclut : « Dans la crise actuelle, marquée par l’épisode de la controverse sur la déchéance de nationalité, mais aussi, dans la moyenne durée, par l’impossible accès à la représentation nationale des Français dont l’histoire familiale s’ancre dans l’immigration (post-)coloniale, se rejoue à nouveau la question des frontières de la nation française. En cela aussi la levée de l’état d’urgence ne peut pas attendre : aucun débat serein sur la question ne peut être mené tant que l’emprise policière sur certains groupes les expose à de véritables « cérémonies de dégradation » qui les excluent des frontières légitimes de l’appartenance à une collectivité politique commune. Sortir d’une trajectoire pouvant conduire à un « État de police » n’engage donc pas simplement la question des équilibres entre les différents pouvoirs : au-delà de la question de « l’illibéralisme » des institutions nées de la crise algérienne, ce sont les contours de la « communauté imaginée » et les frontières du droit des personnes qui sont retracés par les débats politiques actuels et par le renforcement des prérogatives accordées aux forces de l’ordre".

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