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Guerre d’Algérie : Jean-Marie Le Pen, visage d’une mémoire amnésique sur la torture
lundi 9 octobre 2023, par
Par Samia Lokmane à Paris, France
Date : Vendredi 6 octobre 2023
Alors que l’implication de l’ancien leader d’extrême droite dans des faits de torture pendant la guerre d’Algérie est remise en cause, l’historien Fabrice Riceputi déplore la délégitimation de la parole des victimes et une « aphasie postcoloniale » encouragée par les lois d’amnistie de 1962
Fabrice Riceputi s’est trouvé un nouveau combat. Dans un livre à paraître en janvier 2024 (aux éditions Le Passager clandestin), l’historien français spécialiste de la guerre d’Algérie entend confronter « des faits avérés », confirmés par des témoignages de victimes, « à des discours révisionnistes propagés sciemment ou par ignorance ».
Tout commence en février dernier, lorsqu’en écoutant sur France Inter une série d’émissions, « Jean-Marie Le Pen, l’obsession nationale », il entend le journaliste et producteur Philippe Collin affirmer qu’il est difficile de prouver que l’ex-président du Front national (devenu Rassemblement national) a torturé en Algérie.
Invité de l’émission, l’historien Benjamin Stora, auteur d’un rapport en 2021 sur la colonisation et la guerre d’Algérie, explique aussi que Jean-Marie Le Pen « n’a sans doute pas torturé en Algérie ».
« Stora a commis une erreur factuelle énorme puisqu’il s’est trompé sur les dates du séjour de Le Pen en Algérie. Le réalisateur [Philippe Collin], qui n’y connaît visiblement rien, a déduit quant à lui qu’il n’y avait pas de preuves confirmant les faits de torture », relève Fabrice Riceputi à Middle East Eye, précisant que cette émission avait agi sur lui comme « un déclencheur ».
Après avoir réagi en déplorant dans un tweet « le refus persistant d’une grande partie de l’historiographie française de prendre en compte les témoignages des victimes algériennes de la terreur », c’est sur Mediapart qu’il continuera à s’indigner, dans trois articles clarifiant l’implication de Jean-Marie Le Pen dans des affaires de torture, lors de son déploiement à titre volontaire à Alger entre fin décembre 1956 et mars 1957, dans une compagnie d’appui au premier Régiment étranger de parachutistes (REP).
« On peut sans susciter de scandale particulier nier jusque sur un media du service public le passé tortionnaire de Le Pen, faire fi du dossier qui l’accable, et consciemment ou non achever ainsi la « dédiabolisation » décidément irrésistible de son courant politique », a-t-il écrit.
suite sur Middle East Eye édition française :