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Intervention au Lycée Jules Ferry à Versailles, le lundi 30 mai 2022

lundi 6 juin 2022, par François-Régis Guillaume


Cette rencontre a été organisée à l’initiative de Vincent Carro, professeur de maths dans ce Lycée et petit-fils de Gérard Martin, pilier de la 4ACG en Auvergne.

Nous avons rencontré deux classes de Première et Terminale qui ont choisi la spécialité « Histoire, Géographie, Géopolitique, Sciences politiques ». (Depuis la dernière réforme des Lycées, les élèves peuvent choisir, en plus d’un tronc commun, des « spécialités » qui préfigurent leurs choix pour l’enseignement supérieur. Des élèves que nous avons rencontrés visaient Sciences Po.) A leur programme : Histoire et Mémoires de la guerre d’Algérie.

Nous étions quatre intervenants : deux appelés, Xavier et François-Régis, et deux amis Algériens : Abdelati, animateur de l’association Génération 2010, qui a donné le témoignage d’un enfant et ado pendant la guerre et Rahim, animateur de l’association APCV et d’un « réseau de passeurs contre l’oubli ».

Xavier a développé le thème qui lui est cher : l’importance des actes d’humanité, donnant plusieurs exemples. Il a aussi parlé de la formation à la torture (pour l’armée, c’était une formation aux interrogatoires et au renseignement), qu’il avait reçue avant de partir en Algérie, décrivant comment il avait pu y échapper sur place, avec l’approbation de certains officiers, en se réclamant des directives de la V ? République.

Les thèmes abordés

Les élèves qui ont eu des parents appelés ou membres de l’ALN ou Harkis ont été invités à lever le bras. Une douzaine sur 50. Les échanges ont débouché sur plusieurs thèmes :

La difficulté de parler ; Abdelati et Xavier ont dit à ces jeunes leur responsabilité de faire advenir des échanges libérant la parole. Une jeune fille qui a commencé en nous demandant ce que nous pensions des Harkis, a ensuite expliqué qu’entre la banche maternelle de sa famille, du côté de la France et la branche paternelle, tous en France aujourd’hui, il était difficile de se parler.

L’identité, algérienne ou française : plusieurs hésitaient, y compris un petit fils de Français d’Alger dont le grand-père se veut français de France et la grand-mère, algérienne, mais de l’Algérie française. Ce jeune veut devenir diplomate pour travailles à la paix dans les pays de la Méditerranée ? Je leur ai rappelé la parole de Mahmoud Darwish, le poète palestinien : « L’identité, ce n’est pas ce que nous recevons en héritage, mais ce que nous transmettons à ceux qui nous suivent. »

La réconciliation est-elle possible ? Sous forme d’une question : « Croyez-vous à une commémoration nationale s’adressant à tous les acteurs de cette Guerre ? »

Abdelati et Rahim ont invité à lutter contre le colonialisme, cause de cette guerre, qui continue aujourd’hui dans toutes les formes de discrimination qui minent notre société.

L’échange s’est poursuivi chaleureusement avec plusieurs jeunes.

Cependant, j’ai pour ma part parlé avec trois élèves qui avaient posé des questions : « Et Melouza ? », « et la fusillade la rue d’Isly ? », « Et les massacres d’Oran ? ». Ils étaient très remontés et l’un d’eux m’a dit que son grand-père s’était battu pour l’Algérie française.

Il a été difficile d’apporter des réponses suffisantes à toutes les questions.
A l’issue de la rencontre, la professeure, Sophie Gaudelette, nous a dit avec un sourire : "alors, à l’année prochaine !".

François-Régis Guillaume

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