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Interventions en milieu scolaire : préparation et déroulement

vendredi 28 novembre 2014, par Gérard C. Webmestre

Préparation de la rencontre

La préparation est une étape essentielle à une intervention en milieu scolaire. De sa qualité dépend la réussite finale.
Il est donc très recommandé de prévoir une (ou plusieurs) rencontre(s) préalable(s) avec les initiateurs, enseignants ou responsables d’associations, afin de définir les points suivants :

 le dispositif : tribune ou proximité avec le « public », possibilité de projeter une video...
 le déroulement : présentation des intervenants, objet de la rencontre, forme des débats (exposé des intervenants suivi de questions-réponses, ou dialogue spontané)
 les thèmes à traiter (le cas échéant)
  le choix des supports (panneaux explicatifs, extraits de films, livres, cartes, etc..)
 les intervenants : anciens appelés, moudjahidines, harkis, pieds-noirs, parents d’élèves...
  la place des enseignants ou des invitants dans le dispositif

Autre point important dans le cadre scolaire, la préparation par les enseignants et les élèves : listage des thèmes et des questions qui seront abordés et que les enseignants pourront transmettre aux intervenants quelques jours avant la rencontre.

Vous pouvez vous aider du tableau contenu dans notre article "Témoigner, faire témoigner...avec quels outils ?" pour le choix des supports.

Points à aborder, à voir auparavant avec l’enseignant ou, à défaut, à préparer soi-même.

 La place de la colonisation dans l’imaginaire français (la France a un cadavre dans le placard, que nous cherchons à entrouvrir).
 La mémoire privilégiée : on entretient celle des colonisateurs davantage que celle des colonisés ; le drame des pieds-noirs prend plus de place que celui des harkis ou des populations massacrées
 L’historique de la guerre d’Algérie, qui en réalité a commencé en 1830 avec l’arrivée des premiers colons.

Avoir en tête quelques dates (pour les questions éventuelles) :
 1848 : arrivée des mutins de la Révolution et de droits communs
 1850/1860 : famine, 300 000 morts algériens
 1871 : arrivée des alsaciens-lorrains chassés par l’occupant allemand et la guerre de 1870 (avec à chaque arrivée massive, nouvelles expropriations, constitution de grands domaines, « servage » des populations locales).
 1914/1918 enrôlement des « colonisés »
 1939/1945 idem
 8 mai 1945 : Sétif
 1er novembre 1954 : insurrection
 19 mars 1962 : fin de la guerre

Pour l’aspect historique, se reporter aux panneaux explicatifs à disposition sur ce site, et à quelques ouvrages de base :
 Appelés en guerre d’Algérie, de Benjamin Stora (Découvertes Gallimard, 1997)
  La guerre d’Algérie expliquée à tous, du même auteur (Seuil, 2012)
 Guerre d’Algérie, guerre d’indépendance, paroles d’humanité (L’Harmattan, 2012)
Mais cette liste est loin d’être exhaustive.

Questions-types d’élèves

Dans quel contexte français a commencé la guerre d’Algérie ? Résonance en France ? Comment en parlait la presse ? Etiez-vous informé ?
Quelle était votre conscience politique ?
Quel était, avant de partir, votre point de vue sur la colonisation ?
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué en Algérie ?
Cette guerre vous a-t-elle changé ?
Avez-vous tué ?
Avez-vous réagi ? Pouviez-vous refuser d’ aller ?
Avez-vous pensé à déserter ?
En tant qu’appelé, avez-vous fait des choses que vous regrettez aujourd’hui ?
Quel accueil à votre retour ? Soutien psychologique ?
Quel âge aviez-vous ? Combien de temps êtes-vous restés ?
La torture a-t-elle vraiment existé ? L’avez-vous pratiquée ?
La guerre d’Algérie est-elle comparable à la seconde guerre mondiale, dans ses méthodes ?
Relations des militaires avec la population algérienne ? Avec les harkis ? Avec la hiérarchie militaire ? Avec les pieds-noirs ?
Le bourrage de crâne existait-il dans l’Armée ?
Les harkis étaient-ils considérés comme des camarades de combat ou comme de la chair à canon ?
Que pensez-vous des conflits actuels dans le monde ?

Remarque en forme de conseil

Il ne s’agit pas ici d’empiéter sur la liberté de l’intervenant, mais il ne faut pas oublier que les jeunes qu’on a en face de soi sont nés presque 50 ans après ce que nous avons vécu. C’est le présent qui les intéresse, et dans beaucoup de cas leur histoire familiale : descendants d’appelés, de moudjahidines, de harkis, de pieds-noirs. Leur parler comme des anciens combattants racontant leur vie ne leur apporte pas grand-chose. Il faut au contraire leur parler d’eux, comment ils vivent leur histoire, s’ils en parlent dans leurs familles. Susciter les questions et les interrogations d’aujourd’hui est la meilleure façon d’aborder le passé et de rendre l’Histoire (donc leur histoire) plus vivante.

Enfin, il est important de faire un bilan de l’intervention. Il est souvent réalisé entre élèves et enseignants. Le demander à ces derniers s’ils ne vous le proposent pas spontanément.
Et pensez à en parler sur le site !

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Messages

  • Me fondant sur nos interventions au Lycée St. Vincent de Rennes, je me permets deux remarques :
    1 - Il nous a semblé important de distinguer, d’entrée de jeu, Mémoire et Histoire. Voici ce que nous écrivions sur ce point dans notre compte-rendu : « en terminales, l’enseignement de l’histoire doit conduire les élèves à appréhender l’essentielle distinction entre mémoire et histoire. Aussi, en préambule à nos témoignages, avons-nous marqué cette différence. Mémoire n’est pas histoire. En tant que témoins, notre mémoire n’est que le véhicule des matériaux qui contribuent à fonder l’histoire. Éminemment personnels, nos témoignages relèvent d’une mémoire plurielle. Mais, après si longtemps, celle-ci peut-elle être fidèle ? Elle est forcément diversifiée ; elle peut être sélective, voire contradictoire, mais elle se trouve, pour trop d’entre nous, anciens appelés, marquée des dénominateurs communs que sont la meurtrissure de notre jeunesse et la conscience que la guerre est un mal absolu ».
    2 - Pour faciliter l’expression des élèves, deux moyens se sont révélés utiles : leur demander, en début de séance, de transmettre leurs questions par écrit aux intervenants, ce qui peut les libérer de l’appréhension de s’exprimer en public – Après l’intervention « officielle », de leur laisser un peu de temps pour se répartir autour des intervenants et échanger de façon plus informelle.

  • Bonjour,

    je souhaiterais organiser une intervention de votre association en mai 2023 au sein du collège Gustave Courbet de Pierrefitte sur Seine.
    Cela vous semble-t-il ? L’intervention aurait lieu dans le cadre d’un projet d’un trimestre sur la Guerre d’Algérie.

    Bien cordialement,

    Agathe Secall

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