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Le bonheur des Algériens… si fragile !

lundi 30 juin 2014, par Michel Berthélémy

« Il n’y a pas d’endroit où l’homme est plus heureux que sur un stade de football », disait à peu près ce grand fan de football qu’était Albert Camus.
Depuis quelques jours, les Algériens, d’Alger à Paris en passant par Marseille, Lyon et autres villes, prouvent à l’envi qu’ils sont en phase avec Camus. Démonstrations de joie, klaxons, rires et chansons emplissent les rues et les bistrots. Comme nous les comprenons, eux qui n’ont pas tellement de raisons dans la vie quotidienne d’être heureux et de faire la fête !

Mais voilà que quelques habitués de la haine, esprits un peu rances, trouvent là matière à attiser le racisme et le rejet xénophobe. Se sentant sans doute confortés par les récentes élections, ils se répandent en propos insultants, en messages blessants sur les réseaux sociaux, en photos truquées et en mensonges répétés. Les Algériens n’auraient-ils pas le droit d’exprimer leur joie et leur fierté de voir leur équipe de football aussi séduisante ?

Mais ces réactions s’ajoutent à d’autres faits tout aussi inquiétants. La remise en cause dans certaines villes de la construction de mosquées, la campagne lancée début juin par un collectif dénonçant l’invitation de militaires algériens à défiler le 14 juillet avec l’ensemble des pays ayant participé à la première guerre mondiale, et même le tout récent abandon par les élus de Montpellier du musée de la France et de l’Algérie qui devait ouvrir dans leur ville, tous ces évènements prennent sens aujourd’hui, et le moins qu’on puisse dire c’est que ce n’est pas le bon sens.

Que faire pour enrayer ce processus, sinon dénoncer sans relâche la haine et le mensonge ? Dénoncer par les actes et par le dialogue tout ce qui est contraire aux valeurs qui sont les nôtres : respect de l’autre, tolérance, refus de la haine et de la violence.

Rappelons simplement, en cette période du centenaire de la Grande Guerre, que plus de 170 000 Algériens sont venus, en 14-18, combattre à nos côtés, et que 23 000 en sont morts. Rappelons aussi que pendant la guerre d’Algérie, lors d’opérations dans le bled, nous nous retrouvions, nous les appelés, face à de vieux Algériens qui nous montraient fièrement leurs médailles gagnées dans les tranchées de Verdun ou d’ailleurs. Et les Algériens d’aujourd’hui n’auraient pas le droit d’être à nouveau à nos côtés, mais cette fois dans la paix et la reconnaissance ? Et leurs descendants d’aujourd’hui n’auraient pas le droit de manifester leur joie d’être pour la première fois en phase finale de la Coupe du Monde de football ?

Alors peut-être nous revient-il, modestement, d’essayer de rendre leur bonheur un peu moins fragile…

PS - A propos de cette question, France-Inter diffuse chaque week-end de l’été (samedi et dimanche à 13h20) une chronique du philosophe Abdennour Bidar, intitulée France Islam : Questions croisées.

http://www.franceinter.fr/emission-france-islam-questions-croisees

Michel Berthelemy

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