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Les lycéens et la guerre d’Algérie

samedi 4 avril 2015, par Michel Berthelemy

Dans les lycées et les collèges, là où les protagonistes de la guerre d’Algérie viennent apporter leur témoignage, il arrive que les élèves se montrent plus ou moins intéressés. Cela tient souvent à la motivation des enseignants et au soin qu’ils ont mis à la préparation de la rencontre.
Au lycée de Gisors, dans l’Eure, ils sont trois jeunes professeurs d’histoire à privilégier une pédagogie en prise directe avec la vie de leurs élèves. Les témoignages extérieurs sont un élément important de cette pédagogie.

C’est ainsi que le 24 mars, nous étions invités à dialoguer avec quatre classes de terminale - deux le matin et deux l’après-midi – sur la guerre d’Algérie. Le thème peut sembler très lointain pour des jeunes de 17 ou 18 ans, mais on s’aperçoit vite que leur histoire personnelle est traversée par le sujet. Pour nombre d’entre eux, un membre de la famille a vécu cette période.

Ce jour-là, l’intérêt était d’autant plus grand que les trois témoins que nous étions représentaient trois types d’acteurs de cette guerre : un ancien officier de l’ALN, un « rapatrié » pied-noir, et un ancien appelé.
Les questions ont donc été multiples et les réponses apportées par chacun des témoins ont été « individualisées » et complémentaires. Une même question posée aux trois témoins amenait en effet des réponses croisées et permettait de dégager une vision globale des situations évoquées, créant ainsi une dynamique extrêmement riche, y compris entre les intervenants qui, sur certains points, en ont encore appris sur le drame qu’ils ont vécu. Une question nous a fait sourire tous les trois : « avez-vous bénéficié, à votre retour, d’un soutien psychologique ? »

Moment plus difficile : après avoir posé une question à l’ancien appelé que je suis (« avez-vous l’impression d’être resté le même avant et après la guerre ? »), un jeune homme de 17 ans est sorti de la classe en pleurant. Son professeur l’a rejoint, puis il est revenu poursuivre l’échange, mais a dû sortir une nouvelle fois en larmes. On a appris en fin d’intervention qu’il s’était cassé le poignet en le frappant contre un mur. Le grand-père de ce jeune garçon, suite à des demandes répétées, avait commencé à lui parler de sa guerre d’Algérie. Mais il est mort après leur premier dialogue.
Décidément, il y a des passés qui ne passent pas...

En fin de rencontre, les enseignants avaient réservé un temps pour des échanges plus informels, les intervenants se dispersant dans la salle pour des dialogues plus directs avec les élèves, où étaient alors abordés, hors du cadre initial, des sujets très actuels comme le racisme, l’influence des religions dans le monde, l’islamisme radical, etc...
Une telle séquence, qui a séduit aussi bien les élèves que les témoins et les enseignants, gagnerait, me semble-t-il, à être généralisée. En tout cas, l’idée a fait ici l’unanimité.

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