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Plus que jamais la démocratie doit vivre

jeudi 3 décembre 2015, par Alain Desjardin

Mutations et fragilisation de la vie locale par la globalisation du monde

Dans mon itinéraire de militant engagé depuis 1958, au sein de diverses associations
d’éducation populaire, de syndicats salariés et paysans, de partis politiques, j’ai souvent observé que les mauvaises nouvelles du patronat et du gouvernement étaient annoncées avant ou durant des périodes de fêtes ou de vacances. Elles avaient pour stratégie de réduire la contestation du monde salarié, enseignant, étudiant, etc...
Ces pratiques patronales et politiques se sont trouvées modifiées par la montée du
capitalisme financier international attaquant les biens communs et l’intérêt général.
La conséquence de cette nouvelle réalité économique et sociale dessinera progressivement des zones urbaines de populations reléguées, d’espaces ruraux blanchis d’emplois, de services et de culture de proximité. Ces situations sont dénoncées par les associations humanitaires et une minorité syndicale et politique. Elles sont peu portées par la majorité des média, sauf dans les cas de violence : sont rarement organisés des débats sur les causes de ces violences. Ainsi s’élargit la frustration, l’abstention aux élections politiques, le peu d’utilité des syndicats pour les gens qui ont un travail souvent précaire.
Une minorité de jeunes français, enfants de parents venus de différents pays d’Afrique et d’Europe de l’Est, s’éduquent et deviennent des acteurs positifs au sein de la société. Ce n’est pas le cas de la majorité des jeunes porteurs de noms maghrébins, humiliés aux divers stades de la vie sociale. Ils deviennent des proies faciles pour les réseaux de drogue, et de fanatismes religieux...

Cette évolution inégalitaire de la société n’est pas portée et débattue par la classe politique majoritaire de notre pays. Moins qu’au début de l’ère industrielle, les humiliés et les pauvres ne manifestent collectivement leur colère et leur frustration. L’éloignement et l’anonymat des décideurs du libéralisme débridé créent un sentiment d’impuissance. Ainsi, s’épaissit le terreau de la haine, dans lequel l’extrême droite, une partie de la droite dure et de la gauche, glissent et adhèrent aux lobbies de la folie guerrière du libéralisme.

Le terrorisme est la guerre de notre temps

Chaque citoyen éclairé de l’histoire de l’humanité a en mémoire les drames planétaires de la colonisation, par les guerres de pillages des richesses de pays qui ont créé l’hégémonie de l’occident durant de longues décennies. C’est l’occident colonial qui a créé l’artificialité des découpages de nombreux pays d’Afrique et du Moyen Orient, et prolonge ainsi les souffrances des peuples Palestiniens et Sarhaoui.
Les horreurs et l’émotion des attentats des 7 janvier et 13 novembre 2015 ont conduit les responsables politiques de notre pays à renforcer les mesures sécuritaires intérieures et aux frontières, tout en limitant l’accueil des réfugiés victimes des guerres actuelles.
Cette réalité internationale de guerre asymétrique va renforcer le bien-fondé de notre
gouvernement et d’élus aveyronnais qui ont décidé l’installation de la 13e demi-brigade de la légion étrangère au camp du Larzac. Ceci a été décidé sans consultation préalable de la population locale et est ressenti comme un déni démocratique par nombre d’entre nous.

Pour gagner la guerre en France il faut gagner la paix au Moyen-Orient, en Afrique...

Après les attentats du 13 novembre et un engagement militaire plus fort de la France dans des opérations au Moyen-Orient et en Afrique, je pense que tous les groupes humains épris de démocratie et de plaisir à vivre dans la non-violence et la paix, doivent organiser des débats publics, initier des activités culturelles critiques, émancipatrices et joyeuses.
Se rencontrer, confronter nos questionnements avec le concours de compétences extérieures est une nécessité de la vie démocratique et laïque. Les sujets et situations pour des débats collectifs, pour la réduction des peurs et des replis sur soi sont nécessaires.

Voici quelques propositions de thèmes :

  • « Pour éradiquer le terrorisme, pour le déraciner, il faut s’efforcer de comprendre quelles sont les racines historiques, sociologiques, idéologiques et politiques qui l’alimentent » (Jean-Marie Muller – Philosophe)
    - Une nécessité pour agir sur les causes.
  • La guerre asymétrique ne garantit pas nécessairement la victoire de ceux qui ont la
    supériorité des forces conventionnelles. Les États ont perdu la guerre du Viet-Nam, ont détruit l’Irak avant de se retirer, ils partent progressivement de l’Afghanistan, sans avoir su éradiquer les talibans. La Russie, après de dures défaites s’est retirée de l’Afghanistan, la France a été vaincue en Indochine, elle a perdu la guerre en Algérie, avec la Grande-Bretagne elle a porté le chaos en Libye.
    - Aujourd’hui, où va nous entraîner François Hollande dans la coalition militaire en Syrie ?
  • Au congrès de Versailles, François Hollande a utilisé plusieurs fois le mot « guerre », la majorité politique gauche-droite et de l’opinion publique accepte les mesures d’urgence sécuritaires et leur prolongation, le renforcement international des services de renseignements, la limitation de l’accueil de réfugiés des guerres en cours, etc.
    - Pour quelle société ? Pour quelle paix ?
  • « La liberté de conscience, la démocratie, la tolérance et le droit de cité pour toute la diversité des visions du monde et des croyances, l’égalité des sexes et l’émancipation des femmes de toute tutelle masculine, la réflexion et la culture critique du religieux dans les universités, la littérature, les médias. Tu ne peux plus reculer, tu ne plus faire moins que tout cela ! Tu ne peux plus faire moins que ta révolution spirituelle la plus complète. C’est le seul moyen pour toi de ne plus enfanter de tels monstres, et si tu ne le fais pas tu seras bientôt dévasté par leur puissance de destruction » (Lettre ouverte au monde musulman – Abdennour Bidar)
    - Un combat lucide et courageux que nous avons à soutenir

Par la culture émancipatrice et critique s’imposent des débats citoyens.

Dépasser les peurs, le repli sur soi. Un effort est indispensable pour que se constitue un rempart intellectuel, militant, citoyen et unitaire contre le terrorisme.
Débattre sur ce qui fait la guerre, se rappeler que les plus gros vendeurs d’armes sont Les États-Unis, la Russie, la Chine, la Grande-Bretagne la France, l’Allemagne, Israël...
De quoi réfléchir et agir sur ce qui fonde les rapports de domination sur les peuples !
Le droit de vivre dans la liberté, la dignité, la fraternité, ne sont jamais acquis par les armes.

Alain Desjardin
26 novembre 2015

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