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Pourquoi mon père a-t-il fait la guerre d’Algérie ? Une proposition théâtrale à partir de témoignages d’anciens appelés, sous le titre "La Guerre de mon père".

mercredi 4 novembre 2015, par Michel Berthelemy

Un homme de 45 ans s’interroge : comment mon père a-t-il fait la guerre ? Pourquoi ? Dans quelles circonstances ? Avec quelles conséquences ? Pourquoi n’en avoir jamais parlé ensemble ? Pourquoi n’avoir jamais posé de questions ? L’auteure de la pièce, Judith Depaule, qui en a également assuré la mise en scène, nous explique ici ses motivations et sa démarche.

Judith Depaule : « il s’agit dans cette proposition théâtrale de privilégier le point de vue des appelés et de leurs proches, de donner à entendre le témoignage d’une génération partie faire son service (28 mois en moyenne), par obligation militaire, dans un département français, et qui s’est retrouvée à participer à une « guerre sans nom », car non énoncée comme telle. Des hommes qui ont eu à risquer leur vie, mais qui ont été amenés aussi à tuer, à commettre des exactions jusqu’à la torture au nom du maintien de l’ordre et de la pacification ».

Un silence prégnant pèse sur ces 8 ans de guerre. Les raisons sont multiples et entremêlées. Quand on pense avoir accompli une guerre nauséabonde, honteuse, inutile, illégitime et indéfendable, il est difficile de s’en glorifier. On parle le moins possible, on préfère « fermer la porte ou le robinet », « couper », « tourner la page », « classer l’affaire », « mettre la clé », « tirer le rideau », « faire le blackout », « couler une chape de plomb sur ce qu’on a vécu », parce que ce ne sont pas des « choses qu’on remet sur le tapis ». Parler entre soi aussi est difficile car, que les anciens appelés aient fait partie d’une unité combattante ou qu’ils aient été en charge d’une tâche administrative, tous n’ont pas fait la même guerre.

La guerre d’Algérie dans les collèges et lycées

Aujourd’hui, le programme d’histoire des terminales générales propose un exercice de mémoire, intitulé « le rapport des sociétés à leur passé ». Il donne le choix entre « l’historien et les mémoires de la Seconde Guerre Mondiale en France » et « l’historien et les mémoires de la guerre d’Algérie »… C’est généralement le premier sujet qui est étudié.
« C’est pourquoi », poursuit Judith Depaule, « il nous semble nécessaire de destiner en priorité ce spectacle aux collèges et aux lycées, pour réintroduire un échange de fond avec la jeune génération ».

Prévu pour être autonome et léger, le spectacle est conçu pour s’adapter à tous les lieux. Il peut se jouer aussi bien dans une salle de spectacle que dans les salles de classe. Il sera l’occasion de mettre en place, sous forme « d’ateliers », des temps de travail avec les élèves autour de la mémoire et du lien intergénérationnel.

Dates des représentations "La guerre de mon père" :
Les premières représentations auront lieu à Paris, au Centre "Confluences", 190 Boulevard de Charonne, dans le 20e (www.confluences.net), avec expo et débats avec des historiens, du 19 novembre au 13 décembre 2015 :
lundi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi à 20h30 / dimanche à 17h00 / jeudi 10 déc. à 15h00 et 20h30 (relâche le mardi)
Page du spectacle http://www.mabeloctobre.net/creations/guerre-mon-pere/

Le vernissage de l’exposition "Guerre d’Algérie et propagande" aura lieu le vendredi 19 novembre, de 18h à 20h, en présence de Caroline Fieschi, responsable du Musée d’Histoire contemporaine de la BDIC

Par ailleurs, plusieurs débats sont prévus à l’issue des représentations :

Argenteuil (95)
mercredi 2 décembre à 14h30 et 20h30, à La Cave dîmière – 107 rue Paul-Vaillant-Couturier – 95100 Argenteuil (réservation 01 34 23 58 00)
avant la représentation à 19 h : café philo « Y a-t-il un devoir de mémoire ? » animé par Dominique Paquet, philosophe
à l’issue de la représentation, bord de scène avec Sylvie Thénault, historienne, agrégée d’histoire et directrice de recherche au CNRS
Centre Confluences :
samedi 5 décembre : Claude Juin, ancien appelé, docteur en sociologie, auteur de livres sur la guerre d’Algérie.
dimanche 6 décembre : Alain Ruscio, historien du colonialisme, chercheur indépendant.
lundi 7 décembre : Catherine Brun, professeure de littérature française à l’Université Sorbonne nouvelle-Paris 3, spécialiste de l’écriture de la guerre d’Algérie.
mercredi 9 décembre : Alice Cherki, actrice pour l’indépendance de l’Algérie, psychiatre et psychanalyste.
jeudi 10 décembre : Raphaëlle Branche, historienne spécialiste de la guerre d’Algérie, professeure d’Histoire contemporaine à l’université de Rouen.
vendredi 11 décembre  : Tramor Quemeneur, enseignant-chercheur à l’Université Paris 8 Vincennes-Saint Denis, spécialiste de la guerre d’Algérie.
dimanche 13 décembre : Olivier Le Cour Grandmaison, politologue et historien spécialiste de l’histoire coloniale.

Deux projections compléteront cette séquence consacrée à l’Algérie :

samedi 5 décembre : Octobre à Paris de Jacques Panijel (1962, 1h08)
samedi 12 décembre : Algérie, notre histoire de Jean-Michel Meurice et Benjamin Stora (52 min., 2011).
Rencontre à l’issue de la projection avec Benjamin Stora, historien spécialiste de l’histoire de l’Algérie, président du conseil d’orientation du Musée de l’histoire de l’immigration.

Pour plus d’informations sur l’ensemble de ces manifestations :
Mabel Octobre – 20 rue Rouget de Lisle – 93500 Pantin - France
01 41 50 38 10 – virginie mabeloctobre.net – fanny mabeloctobre.net
www.mabeloctobre.net

Messages

  • Rappelons-nous qu’à cette époque, le statut d’objecteur de conscience n’existait pas encore. Refuser d’aller en Algérie, c’était équivalent à déserter - bien qu’il fût interdit de prononcer le mot "guerre", puisqu’en effet, l’Algérie était territoire français !
    Lorsque j’ai été appelé pour le Service Militaire, je sortais de l’Ecole Normale et je voulais être instituteur - c’est-à-dire fonctionnaire. Ce qui aurait été impossible en cas désertion.
    En temps "normal", ma forte myopie aurait dû m’exempter de service,. Ce ne fut pas le cas, bien que j’aie tiré (involontairement !) sur la cible de mon voisin au tir à 400m lors des épreuves de fin de formation de base !
    Je me suis tout de même fait traiter de "traitre à la patrie" pour avoir refusé de "faire le peloton" d’E.O.R. que je n’ai pu éviter que grâce au médecin militaire qui m’a déclaré inapte (à cause de ma vue). J’ai donc terminé mes 27 mois 1/2 en tant qu’homme de troupe dans un centre de formation de l’Algérois.

    J’étais frappé, chaque fois que nous en revoyions, de constater le changement radical de discours de ces "braves jeunes" qui avaient connu la confrontation avec les "fellouzes".

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