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Presse AG Guidel
lundi 14 juillet 2008, par
Journal Ouest-France du lundi 31 mars 2008
Edition : Lorient - Rubriques : Guidel
Ils reversent leur pension de la guerre d’Algérie
L’Association des anciens appelés en Algérie contre la guerre et pour la paix a tenu son congrès annuel, ce week-end, au VVF de Guidel. L’association est née en 2004 quand les premiers appelés d’Algérie ont perçu leur première retraite d’anciens combattants, 400 € par an en deux fois. Armand Verhnettes, Michel Delsaux et Rémi Serres ont alors décidé de mettre dans un pot commun ces pensions, de fonder une association pour mener des actions humanitaires. D’autres les ont rejoints, de toute la France, d’autres qui pensaient comme eux : « Nous ne voulons pas de cette pension, nous préférons aider les Algériens. » Ils sont maintenant quatre-vingt-sept adhérents qui reversent l’intégralité (500 €) de cette retraite et soixante-dix amis qui versent de 20 à 150 €.
Cet argent a servi, la première année, à acheter du matériel scolaire et des chaussures pour des enfants en Tchétchénie. Dès l’année suivante, l’action s’est tournée vers l’Algérie en aidant un village, Tazla, en Kabylie, à mettre en place un système d’irrigation par capillarité d’un champ de châtaigniers, système étendu ensuite aux arbres fruitiers. « En amenant l’eau, nous avons permis à des familles de rester sur place, à des jeunes de rester », explique Simone de Bollardière, qui soutient l’association depuis ses débuts, et en est devenue présidente d’honneur.
D’autres actions, comme l’aide à un établissement pour handicapés à Sétif, l’achat d’un bus pour conduire les enfants à l’école ou encore l’acquisition de vaccins contre la mucoviscidose ont suivi, toujours dans le but d’aider concrètement avec la participation des habitants de la région concernée. « Nous voulons renouer des liens avec la population algérienne, ajoute Armand Verhnettes, montrer que la guerre n’est pas une solution ».
Le Télégramme
Les 4 A, l’association des anciens appelés d’Algérie, ne touchent pas à leur indemnité d’anciens combattants. Ils la consacrent à des actions humanitaires en Algérie.
L’indépendance de l’Algérie s’est construite dans le sang. Aujourd’hui, l’abcès est encore vivant dans les cœurs des deux millions de Français qui ont, de près ou de loin, vécu cette guerre. Certains ne l’acceptent toujours pas. En 2004, Armand Vernhettes, un Aveyronnais de Millau, rencontre un ami. Ils ont passé une année ensemble sur un piton de Grande Kabylie. Ils n’ont pas oublié. « Nous avons été très marqués. Pendant 40 ans, on s’est tu, nous confie Armand Vernhettes. Aujourd’hui, il faut libérer la parole. Nous ne voulons pas de cette retraite d’ancien combattant. Nous préférons aider les Algériens ».
Un fonds commun
L’idée est simple. La pension annuelle de 500 € de l’ancien militaire est versée sur le compte de l’association. Cet argent sert à des projets humanitaires pour les populations algériennes. « Cette pension, c’est de l’argent sale. Car c’était bien une guerre qu’a menée la France en Algérie. Tous ces jeunes de 20 ans que l’armée a plongés dans cette marmite maléfique restent marqués. À l’époque, ils ne pouvaient pas protester », commente Simone de Bollardière, femme du général Jacques Pâris de Bollardière, qui a été choisie comme présidente d’honneur de l’association. Lancée depuis quatre ans, elle n’a pas eu que des sympathisants. « Il y a eu des réactions violentes », constate Armand Vernhettes. Qu’importe, au fil des années, elle a grandi. Ce week-end, à Guidel près de Lorient, son assemblée générale annuelle a rassemblé plusieurs dizaines de ses membres.
Irrigation et handicapés
Plusieurs projets d’aide en Algérie sont sur les rails. Le plus important est celui qui a commencé il y a trois ans déjà. Il s’agit de réaliser un système d’irrigation par capillarité d’un verger de châtaigniers près du village de Tasla en petite Kabylie, un village qui avait été détruit par la guerre. Une entreprise de Montpellier participe à l’opération. Aides aux établissements accueillant des handicapés à Sétif, aide à un centre de traitement de la mucoviscidose, plusieurs projets sont déjà en cours. « Notre souci est de pouvoir faire renaître des liens avec les populations algériennes, souligne Armand Vernhettes. Nous avons aujourd’hui des contacts ponctuels avec nos interlocuteurs. Nous voulons que notre aide se manifeste de manière très concrète avant d’aller en groupe les rencontrer. Eux aussi ont subi cette guerre. Nous voulons prouver que la guerre ne mène à rien. Le général de Bollardière est un véritable guide pour notre action ».
Yves Guégan