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Tramor Quemeneur : les événements récents ont à voir avec notre histoire coloniale
dimanche 18 janvier 2015, par
L’attentat contre Charlie-Hebdo a suscité un peu partout de fortes réactions.
Dans un texte intitulé « Racisme et terrorisme, points de repères et données historiques », Tramor Quemeneur, réagissant en tant qu’historien, relève qu’une fois de plus, ceux qui vont être stigmatisés sont ceux qui se trouvent déjà dans une position difficile.
Après avoir souligné les liens étroits entre le racisme français et la mémoire coloniale à travers les guerres d’Indochine et d’Algérie, et les séquences racistes auxquelles cette dernière a donné lieu (17 octobre 61, attentats OAS, 8 février 62…), l’historien rappelle l’ostracisme qui a visé les Algériens après l’indépendance de leur pays, ostracisme qui a déclenché la « marche des Beurs » de 1983, qui a obtenu quelques maigres avancées sociales. Parallèlement, le Front national poursuivait son ascension, durcissant encore les tensions jusqu’à provoquer, en 1986, le meurtre de Malik Oussekine lors des manifestations étudiantes contre la loi Devaquet. Trois ans plus tard, éclatait « l’affaire du tchador » au collège de Creil, dans l’Oise.
La radicalisation de certains jeunes issus de l’immigration se renforce au cours des années 90, menant à une crise d’identité. Certains vont récuser leur identité française, tout en s’insurgeant lorsqu’ils sont traités d’Arabes ou de Beurs. Ce que le sociologue Abdelmalek Sayad appelle « la double absence » : être ni d’ici ni de là-bas.
Le sentiment de rejet monte encore d’un cran lorsqu’en 2005, Nicolas Sarkozy promet de « nettoyer les cités au Kärcher » et d’éliminer les « racailles ». Cette même année, deux jeunes, poursuivis à Clichy-sous-Bois par les forces de l’ordre, meurent dans un transformateur électrique. C’est l’explosion dans les banlieues : 3000 manifestants arrêtés, 10000 véhicules incendiés. L’état d’urgence est déclaré, pour la première fois depuis 1955, pendant la guerre d’Algérie, donnant ainsi à ces émeutes un caractère postcolonial.
Parallèlement, la situation internationale joue aussi son rôle. L’attentat dans le RER Saint-Michel, le 25 juillet 1995 à Paris, est revendiqué par le Groupe islamique armé, qui a déjà fait plus de 150000 victimes en Algérie.
Autre source de radicalisation : le conflit israélo-palestinien, auquel s’identifient nombre de jeunes. Des antisionistes dérivent vers l’antisémitisme, voire le négationnisme des crimes nazis.
Mais ce sont surtout les attentats du 11-septembre 2001, puis les guerres d’Afghanistan et d’Irak, et plus récemment les guerres en Libye et en Syrie, qui ont modifié durablement la situation. L’islamophobie a pu se développer, entraînant le meurtre du réalisateur hollandais Théo Van Gogh. Un an plus tard, paraissaient en Hollande les caricatures de Mahomet, suscitant la colère des fondamentalistes islamistes. Et le 6 février 2006, Charlie-Hebdo les publie en France.
En novembre 2011, une nouvelle caricature, publiée par ce même journal, lui vaut d’être attaqué au cocktail molotov. Dès lors, les journalistes seront placés sous protection policière. Jusqu’à ce 7 janvier 2015, quelques semaines après que le Président de la République ait proclamé grande cause nationale la lutte contre le racisme et l’antisémitisme.
Michel Berthelemy
On retrouvera l’intégralité du texte de Tramor Quemeneur en cliquant sur le lien suivant
Racisme et terrorisme. Points de repères et données historiques
Messages
1. Tramor Quemeneur : les événements récents ont à voir avec notre histoire coloniale , 28 janvier 2015, 22:36, par Mens Pierre
Merci à Tramor Quemeneur pour cette analyse .
L’intégralité du texte est à voir absolument !