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Vive la guerre ! Les dividendes de la guerre à Gaza sont tout bénéfice pour les entreprises de défense

mercredi 22 novembre 2023, par Michel Berthelemy

source : Orient XXI, Majd Kayyal, 15 novembre 2023

Les sociétés privées de défense représentent un élément clé de la guerre qui a cours dans la bande de Gaza. Plusieurs entreprises israéliennes et américaines verront leurs bénéfices exploser grâce à cette opération d’ampleur, qui leur permet également de faire la promotion de leurs dernières technologies.

Une publicité financée par une société d’investissements israélienne figure sur le site du quotidien israélien Haaretz. En cliquant dessus, on accède à un article à «  contenu sponsorisé  », incitant les particuliers à investir dans telle ou telle entreprise, dans telle ou telle bourse. Et en cette saison de moissons sanglantes, il paraît que c’est le moment d’investir dans les sociétés militaires.

Intitulé «  Ces systèmes de défense de pointe dont se sont dotés Israël et les États-Unis  », l’article ne vise pas seulement à informer. En évoquant une possible extension de la guerre, il incite également à saisir une opportunité d’investissement dans les entreprises d’armement. Voici ce qu’on peut lire dans le chapeau :

Dans la guerre entre Israël et le Hamas, qui risque de s’étendre aux frontières nord et de connaître une intervention des États-Unis, on a recours à des systèmes d’armement sophistiqués et intelligents. Beaucoup sont fabriqués par des sociétés américaines listées dans l’indice S&P Aerospace & Defense.

Les actionnaires de ces entreprises ont partie liée avec les armées et les gouvernements occidentaux, pour le compte desquels ils ont perpétré des crimes durant des décennies. Devenus conseillers des dirigeants, ils approvisionnent aujourd’hui les armées en nouveaux jouets criminels toujours plus sophistiqués. Au supermarché des armes, on trouve ainsi des «  merveilles  » censées — comme n’importe quel produit commercial — changer la vie du consommateur : «  ça va modifier les règles du jeu  », «  ça va changer la tournure de la bataille  », «  ça va assurer la victoire  !  » Ces entreprises réinventent les jeux de guerre, et les testent sur nous, Palestiniens, avant de les vendre dans le monde entier, et d’en créer de nouveaux encore et encore… sans pour autant réussir à nous écraser.

De l’usine d’armement à la Maison-Blanche, en ligne droite

La publicité dont il est question plus haut n’est pas mensongère : depuis le déclenchement de la guerre contre Gaza, l’indice américain spécialisé dans l’aérospatiale et la sécurité a en effet augmenté de 5,88 % en dix jours.

Quelques jours après le début de la guerre, le PDG de RTX, le géant américain de l’armement, a adressé aux investisseurs un rapport les exhortant à soutenir les aides militaires américaines à Israël. «  Si vous observez le portefeuille d’investissements de la société, vous constaterez les bénéfices qu’il y a à tirer de la reconstitution des stocks (de missiles)  », fait valoir Greg Hayes, selon qui ces aides déboucheront sur de nouveaux accords d’exportation de missiles.

Les actions de la société partenaire du projet israélien «  Dôme de Fer  » qui fabrique des radars et des obus guidés ont grimpé de 13,46 % depuis le début de la guerre. Au cours des deux dernières années, son PDG a empoché 63 millions de dollars (58,77 millions d’euros) en provenance de plusieurs sources, puisqu’il est membre de la Business Roundtable, un puissant lobby qui a orienté certaines politiques historiques aux États-Unis.

Selon certaines révélations, le vice-président de General Dynamics Jason Aiken se serait lui aussi adressé aux investisseurs en déclarant : «  Si l’on considère les marchés qui pourraient s’offrir à nous du fait de l’offensive (israélienne), il est absolument évident que le secteur de l’artillerie est le mieux placé  ». Depuis le début de la guerre, les actions de la société, qui fournit Israël en obus d’artillerie, ont augmenté de 9,72 %, notamment avec l’annonce de l’envoi de modèles expérimentaux de véhicules tactiques légers Flyer 72 pour des essais sur le terrain à Gaza.

Cela fait des décennies que la plus grande entreprise de défense américaine Lockheed Martin livre à Israël des avions F-16 et F-35, des missiles Hellfire et autres équipements. Entre le début de la guerre et le 30 octobre, ses actions ont augmenté de 10,65 %. Son directeur général Jim Taiclet a empoché pas moins de 66 millions de dollars (61,57 millions d’euros) au cours des deux dernières années, sans compter les actions d’une valeur de 25 millions de dollars (23,32 millions d’euros) qu’il détient dans la société. L’homme qui tire directement profit de la guerre est membre du conseil d’administration du Council on Foreign Relations (CFR), l’un des think tanks qui ont eu le plus d’influence sur les décisions politiques et militaires de la Maison-Blanche depuis le début du XXe siècle : c’est, par exemple le CFR qui a dicté les grandes lignes des «  Quatorze Points de Wilson  » lors de la première guerre mondiale et jeté les bases du Plan Marshall et de l’OTAN. En 2002, après l’invasion de l’Afghanistan, l’un de ses directeurs avait publié un article historique intitulé «  Prochaine étape : Bagdad  ?  », avant que le groupe ne lance une virulente campagne en faveur de l’occupation de l’Irak.

La ligne directe qui part des usines d’armement ne s’arrête pas à la Maison-Blanche. BlackRock, la plus grande société de gestion d’investissement au monde, a placé plus de 13 milliards de dollars (12,13 milliards d’euros) dans les seules trois sociétés mentionnées ci-dessus, et des milliards supplémentaires dans des sociétés qui fabriquent des armes interdites au niveau international, comme le phosphore blanc — qui est utilisé dans la guerre actuelle contre Gaza — et les bombes à fragmentation. Le directeur général du centre de recherche de l’entreprise chargé de production du savoir et de recherches géopolitiques pour réaliser des «  investissements durables  » est Thomas Donilon, qui n’est autre que l’époux de Katherine Russell, directrice générale de l’Unicef, l’organisation internationale dont le devoir était d’œuvrer à la protection des 4 600 enfants tués jusqu’à présent à Gaza.

Quand le conflit relance l’économie

TA-35, l’indice de la bourse de Tel-Aviv, a reculé de 9 % entre le début de l’agression et le 30 octobre. Mais si la plupart des entreprises israéliennes ont subi l’impact de cette dégradation, cela n’a pas été le cas des sociétés d’armement, bien au contraire. «  Les missiles fusent de toutes parts, il faut bien que l’entreprise en tire profit  », commente Shahar Karmi, spécialiste israélien des investissements.

L’article complet par ce lien https://orientxxi.info/magazine/entreprises-de-defense-les-dividendes-de-la-guerre-a-gaza,6874

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