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"L’affaire Audin" : l’absence de volonté de l’Etat de faire éclater la vérité sur ce crime est toujours aussi inadmissible

Interview de Josette Audin par LaTéléLibre.fr du 26 juin 2007 et prix Maurice Audin

dimanche 24 août 2008, par Gérard C. Webmestre

A l’occasion de la journée internationale pour le soutien des victimes de la
torture, en juin 2007, LaTeleLibre.fr était revenue sur l’ " Affaire Audin ".
La vidéo de l’interview est ICI


455 GUERRE D’ALGERIE ET TORTURE : L’AFFAIRE AUDIN par latelelibre

Il y a 50 ans disparaissait Maurice Audin. Torturé et assassiné, son corps n’a
jamais été retrouvé. Depuis cette date, son épouse Josette se bat pour établir
la vérité et pour que la France reconnaisse officiellement l’emploi de la torture par son armée pendant la Guerre d’Algérie.

En 1957, Maurice Audin a 25 ans, il est assistant de mathématiques à l’université
d’Alger et membre du parti communiste algérien (PCA) au sein duquel il milite
pour l’indépendance de l’Algérie.
Dans la nuit du 11 juin 1957, les paras du général Massu font irruption au
domicile des Audin. Josette et Maurice sont là, avec leurs trois enfants, leur
dernier a tout juste un mois.
Maurice est embarqué, les officiers français assurent à sa femme qu’elle le
reverra bientôt et ils la séquestrent avec ses enfants transformant son domicile
en souricière. Un guet-apens qui fonctionne. Dés le lendemain, Henri Alleg, membre du PCA lui aussi et directeur du journal Alger républicain (censuré depuis 1955),
tombe dans le piège.

Les paras l’emmènent dans « le centre de tri » comme le baptisaient les autorités
françaises, une villa en construction à El-Biar dans la banlieue d’Alger. Là, il
y retrouve son ami Maurice « en slip allongé sur une planche, des pinces reliées
par des fils électriques et fixées à l’oreille droite et à l’oreille gauche ».
Maurice a juste eu le temps de lui murmurer : « C’est dur Henri ». Henri Alleg
sera l’un des derniers à voir Maurice vivant.
Le 21 juin 1957, l’armée déclare que Maurice se serait évadé lors d’un
transfert.

Le silence de plomb de l’État sera brisé par un tout jeune assistant d’histoire
de l’université de Caen qui deviendra l’un des plus grands historiens français :
Pierre Vidal-Naquet. Dans son ouvrage « L’Affaire Audin » il établit que Maurice
a été assassiné le 21 juin par les mains des officiers para qui l’ont arrêté le
11. La thèse de l’évasion ne tient plus et l’institutionnalisation de la torture
est dénoncée grâce à la publication du livre d’Henry Alleg, ” La Question “,
témoignage sur son mois de détention à El-Biar.

Josette Audin portera plainte plusieurs fois mais à chaque fois elle se heurtera
aux lois d’amnistie de 1962 et 1968 : “Sont amnistiés de plein droit toutes
infractions commises en relation avec les événements d’Algérie”. Malgré les
enquêtes et les suspicions (le général Aussaresses a évoqué le cas Audin lors de
son procès), la justice française considère toujours que Maurice n’a pas été
assassiné mais qu’il a disparu après s’être évadé.

Le 21 juin 2007, Josette Audin a envoyé une lettre ouverte au Président Sarkozy,
nous l’avons rencontrée le 23, elle venait de recevoir l’accusé de réception de
sa lettre à l’Élysée.

50 ans après, les faits sont à peu près établis.
Il reste à l’Etat français à assumer cette histoire et à reconnaître enfin l’emploi
de la torture par notre armée pendant la guerre d’Algérie.

Jean Seb pour LaTeleLibre

Reportage : Jean-Sébastien Desbordes et Henry Marquis
Réalisé en juin 2007 Par LaTéléLibre.fr

PRIX MAURICE AUDIN

Le Comité a créé un prix pour permettre à de jeunes mathématiciens français et algériens d’aller présenter leur thèse dans le pays "d’en face". Le Comité tient ainsi à travailler à la réconciliation, et à perpétuer la mémoire de Maurice Audin, lâchement assassiné par l’armée française. Mais surtout, en organisant une cérémonie officielle de remise de prix à Paris, le Comité, avec la famille de Maurice Audin, veut rappeler chaque année au gouvernement français, qu’il est urgent de faire éclater la vérité sur cette grave violation des droits de l’homme.

Remise des Prix 2007

Félicitations aux lauréats

Des universitaires algériens reçoivent le prix Maurice Audin de mathématiques

La compétence à l’issue d’un combat libérateur

Samedi 23 juin 2007
La tribune du 23/06/2007
Synthèse de Rachida Merkouche

Le prix Maurice Audin de mathématiques, du nom du mathématicien et militant français disparu le 21 juin 1957 après son arrestation par les soldats français, a été décerné à trois universitaires algériens jeudi dernier à Paris. La remise de ce prix a coïncidé avec le 50e anniversaire de la disparition du militant lors d’une cérémonie qui a réuni à la Bibliothèque nationale de France un grand nombre de personnalités, dont l’épouse de Maurice Audin, Josette Audin, le militant anticolonialiste, journaliste et écrivain Henri Alleg, le président de l’Association France-Algérie, Pierre Joxe, le représentant de l’ambassade d’Algérie en France, ainsi que des historiens et des universitaires. Les trois lauréats sont Nadjia El Saadi, de l’Institut national de la planification et de la statistique d’Alger, retenue lors de la session 2006 en même temps qu’un universitaire français, Dalila Azzam Laoui, maître de conférences à l’université de Jijel, et Abdelfatah Bouziani, professeur au centre universitaire d’Oum El Bouaghi. Ils partagent ce prix avec trois universitaires français. Joie et fierté ont marqué les propos des lauréats qui se sont exprimés sur le développement de la recherche et de la coopération entre les scientifiques des deux rives de la Méditerranée. « Je suis très contente et très honorée de recevoir un prix de mathématiques, et en plus, une distinction qui a une très grande valeur historique aussi bien pour moi que pour mon pays », a déclaré à l’APS Nadjia El Saadi qui voit ainsi son travail de recherche sur les statistiques et leur application dans le domaine végétal récompensé. Les mêmes impressions ont été partagées par Dalila Azzam Laoui et Abdelfatah Bouziani qui ont dit leur « joie et leur fierté d’être primés aujourd’hui ». Pour l’épouse de Maurice Audin, Josette Audin, ce prix permet de garder toujours d’actualité l’exigence de vérité sur la disparition de son mari, soulignant l’intérêt d’attribuer ce prix à un lauréat algérien et à un autre français. « Ce prix représente beaucoup pour moi, car, d’une part il a été créé au moment de la disparition de Maurice Audin [en 1957], et d’autre part, il a été repris maintenant parce que les choses ne se sont pas dénouées », a-t-elle souligné, ajoutant qu’il est « très important qu’un Algérien soit distingué par ce prix, car quand Maurice Audin a été arrêté, il s’est considéré comme un Algérien et il a milité pour l’indépendance de l’Algérie ». Poursuivant sa quête de la vérité sur la disparition de son mari, la veuve du militant anticolonialiste vient de saisir le président français par une lettre ouverte. Elle estime que « quoi qu’il arrive, notre combat pour que la vérité soit faite continue même si 50 ans, c’est beaucoup ». Cette occasion de la remise du prix a été saisie pour organiser une rencontre marquée par les témoignages de plusieurs personnalités qui ont évoqué la mémoire de Maurice Audin et rappelé l’ampleur de la torture et d’autres actes de répression, dont les disparitions, pratiqués par l’armée coloniale pendant la guerre de libération nationale.

R. M.

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