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8 février 2021, 59e anniversaire du massacre de Charonne

samedi 6 février 2021, par Michel Berthelemy

Le 7 février 1962, dix charges de plastic explosent à la porte du domicile parisien d’hommes politiques, d’intellectuels, de journalistes. Sept blessés.
Parmi les blessés une petite fille âgée de quatre ans et demi, Delphine Renard. En attendant de retourner a l’école, elle jouait dans sa chambre après le déjeuner quand une charge de plastic destinée à André Malraux, qui habitait le même immeuble de Boulogne-sur-Seine, explose devant ses fenêtres. Delphine est gravement atteinte et elle y perdra un œil.
Plusieurs syndicats et partis de gauche appellent à une manifestation à Paris pour le lendemain, 8 février 1962, afin de protester contre une vague d’attentats perpétrés par l’OAS (Organisation Armée Secrète). Malgré l’interdiction, des manifestants se regroupent boulevard Voltaire, aux cris de « OAS Assassin » et « Paix en Algérie ». A 19h30, au moment de la dispersion de la manifestation, les brigades spéciales de la police chargent violemment les manifestants. Saisis par la panique, un grand nombre d’entre eux s’engouffrent dans le métro. On relèvera huit morts – cinq au métro Charonne et trois Place Voltaire –, un neuvième mourra des suites de ses blessures à la tête quelques semaines plus tard à l’hôpital. Tous étaient membres de la CGT et la plupart membres du Parti communiste français.

Huit morts et aucun coupable

Le drame suscita une vive émotion. La grève lancée le 9 février mobilisa plus de deux millions de participants et les obsèques, le 13 février, rassemblèrent, selon les estimations, de 125 000 à un million de manifestants. Le pouvoir s’entêta pourtant dans ses dénis. Aux mains de l’appareil d’État, presse et télévision se turent. Si une enquête policière fut menée avec rigueur, le dossier judiciaire fut prestement classé sans suite et l’amnistie du 17 juin 1966 mit un terme opportun à la quête des responsabilités. Sur le plan civil, victimes directes et indirectes ne bénéficièrent que d’une faible indemnité, les tribunaux retenant la thèse d’une responsabilité partagée : du fait de l’interdiction, les manifestants auraient dû s’abstenir. Le pouvoir tenta de même d’effacer la mémoire du crime, interdisant par exemple, jusqu’en 1982, de manifester sur les lieux du drame.
Aucun responsable du massacre de Charonne n’a été jugé, aucune sanction n’a été prononcée… Pas de coupable.
Seule reconnaissance officielle, celle de la Ville de Paris par la voix de son maire : Bertrand Delanoë a inauguré le 8 février 2007, quarante-cinq ans après les faits, la Place du 8-Février-1962 à l’intersection de la rue de Charonne et du boulevard Voltaire.

En raison de la situation sanitaire actuelle, la commémoration
de cette année ne pourra se tenir de manière habituelle.
En cas de non confinement  : à 11h30 au métro Charonne, dépôt de
gerbes et allocution, à l’extérieur, du Président du Comité Vérité et
Justice pour Charonne.
En cas de confinement : un dépôt de gerbes sera effectué.

Pour aller plus loin :
Charonne 8 février 1962. Anthropologie historique d’un massacre d’État, Alain Dewerpe, 2006, Folio/histoire
Mourir à Charonne, pourquoi ? film de Daniel Kupferstein, 59 mn, 2010

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