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Bigeard statufié ? Déjà en 2010 nous avions protesté !

dimanche 21 avril 2024, par Michel Berthelemy

Comme annoncé ici même le 16 avril dernier https://www.4acg.org/Une-statue-de-Bigeard-a-Toul-Un-large-collectif-d-associations-dit-NON, un collectif « Histoire et mémoire dans le respect des droits humains » réunissant plusieurs organisations dont la LDH et la 4ACG, appelle à annuler le projet d’une statue du général Bigeard à Toul (54). Un rassemblement de protestation est d’ailleurs organisé le samedi 25 mai à 16 heures place Nelson Mandela à Nancy. Nous y serons.

En 2010 déjà, l’érection d’une « statue Bigeard » dans la commune de Roppe, en Moselle, avait provoqué des réactions, dont celle de la 4ACG en la personne de Stanislas Hutin, qui avait adressé la lettre qui suit au maire de la commune :

Monsieur le Maire,

J’apprends que votre municipalité vient d’attribuer le nom du Général Bigeard à une place de votre ville. Ancien appelé en Algérie et témoin des dérives iniques de certains de nos chefs, je ne puis que m’indigner de votre initiative. Je me suis trouvé en Algérie de novembre 1955 à mars 1956, donc peu de temps, certes, mais suffisamment pour découvrir et m’élever contre les pratiques qui ont pourri ce qu’on appelait alors indûment "la Pacification". Mon unité d’infanterie coloniale s’est trouvée sous les ordres de ce colonel Bigeard, commandant à l’époque la région "Nord Constantinois". C’est bien lui qui nous a "enseigné", à nous, soldats du contingent, les pratiques des trop célèbres "corvées de bois", gégène et compagnie. Bigeard a toujours nié les avoir pratiquées lui même. Trop facile ! S’il ne les a pas pratiquées directement, il les couvrait parfaitement. Qui oserait le nier ? Et Bigeard n’a jamais eu le courage d’un Massu de le reconnaître.

 Je vous renvois à un livre qui vient de paraître "Algérie, 1954 - 1962", livre-objet publié par les éditions Arènes. Sur la couverture, le visage d’un gosse. Cette photo, je l’ai prise au lendemain du passage à la magnéto de cet enfant de 14 ans ! Ce n’était évidemment pas Bigeard qui tournait la manivelle. Mais quel symbole de l’intolérable ! L’intolérable de la torture, répandue comme une gangrène au sein de nos unités et couverte par trop de nos supérieurs, à commencer par ce Bigeard.

 Recevez, Monsieur le Maire, l’expression de mon écœurement.

Stanislas Hutin, Paris, le 17 novembre 2010

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