En Cisjordanie, 80% des ressources en eau sont contrôlées par Israël

Sur leurs terres contestées de Cisjordanie, les colons israéliens développent une agriculture foisonnante, notamment grâce à l’accès privilégié à l’eau dont ils bénéficient. Au grand dam des Palestiniens, qui doivent se contenter d’une portion congrue de cette précieuse ressource contrôlée à 80 % par Israël, raconte le quotidien britannique “The Guardian”.

The Guardian, 9 juin 2023

Debout sur le toit de sa maison familiale dans le village occupé de Jalud, en Cisjordanie, Mahmoud Hajj Mohammed désigne un massif de cyprès de l’autre côté de la vallée.

Accablé par la chaleur, le jean couvert de taches de ciment, il rentre tout juste de son travail dans une centrale à béton de la ville voisine de Naplouse. Cela fait deux ans que le trentenaire y travaille, depuis que des colons israéliens ont accaparé une grande partie de ses terres.

Tandis qu’un troupeau de chèvres passe non loin de lui, Hajj Mohammed dit :

“C’est facile de voir où les colons se sont installés. Vous voyez les oliveraies derrière les cyprès ? […] Ce sont nos terres, mais ce n’est pas nous qui les cultivons. Vous voyez comme les arbres sont rapprochés ? C’est parce que les colons ont accès à l’eau, et donc à un bon système d’irrigation. Nos arbres, eux, sont plus écartés, et ne poussent pas bien alignés.”

En Israël comme dans les territoires palestiniens, l’eau est la plus précieuse des ressources. Ces magnifiques paysages, appartenant au “Croissant fertile”, peuvent se montrer rudes et impitoyables. Mais avec suffisamment d’eau, “le désert et le pays aride exulteront, la plaine désertique sera joyeuse et fleurira”, tel qu’annoncé dans le Livre d’Isaïe.

Les Palestiniens perdants

Israël est pionnier en matière de gestion et de traitement des eaux. L’année dernière, le pays a réussi le tour de force de dessaler l’eau de la Méditerranée afin d’alimenter le lac de Tibériade, menacé d’assèchement.

Pourtant, les associations continuent d’affirmer que les Palestiniens sont les grands perdants de tels projets. Israël contrôle 80 % des réserves d’eau en Cisjordanie mais, à l’instar de la bande de Gaza, celle-ci souffre de graves sécheresses.

En théorie, personne dans la zone C (région entièrement sous la domination israélienne, soit 60 % de la Cisjordanie) ne peut être raccordé au réseau de la compagnie israélienne des eaux sans montrer patte blanche. Les habitants doivent prouver qu’ils possèdent des terres, ou demander un permis auprès du Cogat, organe du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens.

Mais, en pratique, l’accès à l’eau est une arme aux mains du gouvernement en faveur des colons, et qui permet l’essor des exploitations agricoles israéliennes : oliveraies, dattiers, fermes et vignobles.

https://www.courrierinternational.com/article/reportage-en-cisjordanie-israel-monopolise-l-acces-a-l-eau-au-profit-des-colons

À noter que le Cercle des Chercheurs sur le Moyen-Orient (CCMO) lance un appel à communications dans le cadre de son colloque annuel consacré cette année à « ?La Palestine et le monde ? » qui sera organisé au MucemLab à Marseille les 19 et 20 octobre 2023.

Toutes informations par le lien suivant :
https://www.imarabe.org/fr/actualites/l-ima-au-jour-le-jour/2023/la-palestine-et-le-monde-appel-a-communications-colloque?