La 4acg à Primelin (Finistère) pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple de 14/18

Intervention d’Irène Ménat, au nom de la 4acg, lue au cours du rassemblement pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple de la Grande Guerre

« ?Nous nous retrouvons donc en ce 11 novembre 2023 devant ce monument, avec cet enfant qui repousse et ébranle les blocs des guerres passées. Un enfant qui refuse, agit… et espère. La 4ACG (anciens appelés en Algérie et leurs ami.e.s contre la guerre) qui a pour but, à partir du travail de mémoire sur la guerre d’Algérie de témoigner et d’agir pour la paix, s’associe depuis plusieurs années à ce moment fort pour dire NON à la guerre, NON aux guerres. Nous sommes donc ensemble non pour « honorer nos soldats et la patrie » mais pour se mettre dans les pas de cet enfant. Il n’y a pas de « sang impur »

Nous sommes ensemble pour exiger la réhabilitation des 639 fusillés « pour l’exemple » de la guerre de 14/18. Mais de quel « ?exemple » s’agissait-il ? Contre quoi, contre qui ? Contre ces hommes qui osaient se révolter, qui disaient NON à la boucherie humaine qu’était cette guerre, NON à une hiérarchie qui les conduisait aux massacres ? Coupables de vouloir en finir avec cette guerre ! Coupables d’une désobéissance salutaire. Aujourd’hui, malgré un vote favorable de l’Assemblée Nationale à une proposition de loi demandant leur réhabilitation le Sénat s’y étant opposé en février 2023, rien n’est acté. L’opposition conservatrice, belliciste est toujours là, plus de cent ans après.

Que penserait cet enfant, qui veut balayer les guerres, du Service National Universel qui, sous couvert de « cohésion nationale », veut militariser les jeunes, voire en faire un réservoir de recrutement pour l’armée ? La 4ACG participe au collectif « Non au SNU » demandant l’abandon et l’abrogation du Service National Universel. Il y a urgence à continuer et renforcer ce combat d’autant que le gouvernement veut aller vers une généralisation de ce dispositif en 2024, et si cela était appliqué le retour en arrière serait très difficile. Il faut stopper la voie vers l’embrigadement de la jeunesse.

La 4ACG est née de la prise de conscience du caractère colonial de la guerre en Algérie dans laquelle ces hommes (qui en sont les fondateurs) avaient été enrôlés malgré eux. Ils n’ont pas voulu garder pour eux l’argent de leur pension militaire. Le reversement de ces pensions et les cotisations des adhérent.e.s et ami.e.s dépassent, à ce jour le million d’euros. Aujourd’hui, avec leurs ami.e.s (dont je suis !) ils soutiennent et aident des projets culturels, sociaux, humanitaires en Algérie bien sûr mais aussi en Syrie et en Palestine, où nous apportons un soutien financier à 7 associations dont 3 dans la bande de Gaza.

L’attaque terriblement meurtrière du Hamas sur les populations civiles israéliennes a généré de la part du gouvernement israélien une réponse d’une extrême violence par un bombardement continu de Gaza, un blocus total, un massacre des civils dont de nombreux enfants. Le nombre de morts augmente de jours en jour. La vengeance inhumaine ne peut mener qu’à la catastrophe humaine. L’intervention de l’armée américaine en Afghanistan en 2001 et surtout en Irak en 2003 » (qui plus est en falsifiant la réalité) sous prétexte de faire la guerre au terrorisme (notamment après l’attentat de septembre 2001) n’a fait que déstabiliser la région du Proche et Moyen-Orient et favoriser la montée de mouvements extrémistes. Ce pourrait être pire encore avec ce qui passe à Gaza. Nos voix doivent se joindre à celles d’autres mouvements qui luttent pour la paix pour demander un cessez-le-feu immédiat et l’acheminement de l’aide humanitaire d’urgence. Mais au-delà c’est la colonisation de La Palestine, qui ne fait que s’amplifier, qu’il faut dénoncer. C’est le terreau de l’humiliation, de la stigmatisation, du désespoir, de la révolte et trop souvent de la haine et de la vengeance.

Dénonçons les discours nationalistes, bellicistes et violents et pour cela, comme le disait le président de la 4ACG lors de notre dernière AG nationale, « Il faut continuer à transmettre l’idée des fondateurs : la guerre est ignoble, « ?il faut apprendre à désobéir ? » comme le rappelait sans cesse l’ancienne présidente d’honneur de la 4ACG Simone de Bollardière, l’épouse du général qui avait dit non à la torture en Algérie. Il faut apprendre, dans des situations inacceptables, parce qu’inhumaines, à dire NON. Et, pour reprendre notre président, il faut aussi « militer pour l’Internationale des résistants à la guerre : la paix des gens et pas celle des nations »