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Réunion 4acg Occitanie du 23 septembre 2023. Compte rendu

dimanche 29 octobre 2023, par Gérard C. Webmestre , Michel Berthelemy , Bernard Bessac

La réunion s’est tenue chez Françoise Serres, fille de Rémi Serres. Nous étions une bonne vingtaine (en région Occitanie, la 4ACG compte actuellement 73 adhérent-e-s)

On fait un tour de table

Rémi remercie le COT (Comité des Objecteurs Tarnais) qui a apporté une aide précieuse lors du démarrage de la 4ACG (en 2004) et qui a ensuite su laisser la 4ACG voler de ses propres ailes.

Denise, du Tarn et Garonne, pose la question de l’organisation du renouvellement des cotisations : certainement comme d’autres adhérent-e-s, elle ne sait plus très bien où elle en est de ses paiements. À traiter lors du prochain Conseil d’administration. Pour l’instant, les relances n’ont pas été faites.

Fin septembre, des adhérents ont constaté qu’ils n’ont pas reçu le paiement de leur « retraite du combattant » (la pension est versée tous les six mois). À suivre…

À propos du conflit en Ukraine

Sur ce conflit, coexistent, au sein de la 4ACG, des opinions divergentes (des références à la motion de Vichy, du texte des Pays de Loire…).

Robert Siméon-Cadot, ne pouvant venir à Istricou, a fait parvenir la sienne :

« Les pacifistes se déchirent depuis des lustres sur la façon de résister aux tyrans : s’armer ou fuir, accepter le martyr, l’esclavage, la soumission, la déportation, la colonisation, la dépossession de la patrie et des valeurs acquises au prix du sang ? Faut-il remettre en cause le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, l’aspiration à vivre libres, indépendants, (certains diront à choisir ses maîtres…) ? Je n’ai d’autre réponse que résister avec les moyens qui me semblent les plus efficaces, quand l’urgence l’impose. Je suis conscient qu’il y aura des lendemains qui ne chanteront plus, pour moi et pour des myriades d’êtres humains, mais comment faire ? Ma résistance serait non-violente si possible, ou sinon armée ; jusqu’où ira-t-elle dans ce cas ? Jusqu’à l’arme ultime ? Je crois que notre 4ACG ne tranchera pas. Un consensus me semble difficile. Pacifisme intégral ou « entente sacrée » ? N’est-il pas préférable de s’en tenir aux fondements symbolisés par l’acte des fondateurs : résister en disant NON à l’injustice par le refus de complicité qu’aurait été l’acceptation de la « retraite » ? En tant qu’anciens appelés nous prêchons la paix, par nos moyens qui ne sont pas dérisoires, mais nous sommes aussi des citoyens, engagés par ailleurs dans la vie de nos sociétés, par le débat politique (au vrai sens du terme), et tous moyens de résolution des conflits, des injustices et d’amélioration d’un droit universel. ».

Le débat se poursuit, mais il sera certainement bien difficile de trouver une synthèse, notamment sur la désignation de l’agresseur. Mais le débat sur ces différentes positions est aussi une des richesses de la 4ACG.

Le correspondant régional

Pour la région Occitanie dans sa totalité, provisoirement, il n’y a plus qu’un correspondant, Bernard Bessac (bertine.duberiac wanadoo.fr). Le correspondant, c’est une courroie de transmission entre les instances nationales de la 4ACG et les adhérent-e-s de la région. B. Bessac est aussi le responsable de la commission « contre la guerre », sujet difficile dans la mesure où il est devenu très complexe de définir ce qu’est une guerre, quels en sont les ingrédients (NDLR, ce texte a été écrit avant le conflit du Proche-Orient). Actuellement, un des axes de travail de la commission, c’est d’essayer de repérer dans la multitude de témoignages les actes d’humanité, des désobéissances, souvent individuelles, très intéressants du point de vue de la démarche d’opposition à la guerre.

Les actions réalisées

Perpétuer la mémoire est un de nos axes de travail et la 4ACG en Occitanie est un peu défaillante sur le sujet.
Rappel de la participation de la 4ACG à la cérémonie du 11 novembre au monument aux morts de Gentioux qui dit « non à la guerre » (il existe plusieurs monuments aux morts de ce type : à Joyeuse en Ardèche, à Saint-Jean de Maurienne, à Lodève…)
Des rencontres ont eu lieu en milieu scolaire à Castres, à Millau, avec des élèves très attentifs, des questions intelligentes.
A Foix, à l’occasion de la journée de la paix, une délégation (avec Geroges Garié pour la 4ACG) a été reçue à la préfecture. À signaler sur la ville de Foix un panneau qui fait polémique, car il présente abusivement Marcel Bigeard comme le libérateur de Foix.

La 4ACG compte 400 adhérent-e-s sur toute la France. Est-ce qu’il faut être plus nombreux ?

Qu’est-ce qu’on veut faire avec la 4ACG ? Est-ce qu’il faut continuer à aider des associations, même si ce n’est plus l’argent des pensions ? Les gènes de notre association sont en train de changer. Pour certains, l’important est de nous faire voir, faire savoir que des gens ont pris position, ont agi, de continuer à transmettre. Nous avons les films qui perpétuent la mémoire. On a pu constater, lors des voyages en Algérie, que l’on pouvait faire des choses ensemble, recréer des liens, même si à certains moments on s’est entre-tués.

Sur Millau, la 4ACG a connu un nouvel essor à partir du moment où elle a travaillé avec d’autres associations. Par exemple, avec la LDH, chaque 11 novembre, nous déposons une gerbe en mémoire des fusillés pour l’exemple.

Il est bon de porter la parole de la 4ACG parmi des gens qui ne sont pas tout à fait de notre avis. C’est une démarche qui a été entamée, mais qui est très compliquée ; il faudrait recenser les associations avec lesquelles nous avons déjà des contacts, inviter des personnes à nos assemblées générales, mais nous devons aussi porter la parole chez des gens qui ne sont pas tout à fait de notre avis.

Il va être proposé au CA une liste d’associations qui sera validée pour nous associer à leurs démarches, mais c’est très compliqué (un rappel de la distribution de tracts à Lourdes…)

La question des invité-e-s lors des AG

S’intéresser aux témoignages individuels qui deviennent des témoignages universels, en quoi ces témoignages nous parlent aujourd’hui dans notre combat, qu’est-ce que ces témoignages ont fait naître, par quel cheminement ces témoignages débouchent sur des actions.

À signaler aussi le travail de Paul Max Morin fait sur la troisième génération concernée par la guerre d’Algérie, sur deux mille personnes qui sont concernés. Une question qui peut être posée aux jeunes lors des interventions c’est : « vous avez dix-huit, vingt ans et si demain on vous appelle pour aller à la guerre, est-ce que vous allez y aller ? ».

Dans les témoignages, il ressort une forme de poésie. Comment faire, dans l’avenir de l’association, pour conserver cette poésie ? Il y a dans une chanson plus de puissance que dans les bouquins de Stora ou d’Alleg. Il y a dans ces témoignages des anciens appelés une musique, une tonalité qui ne trompe pas et les gamins qui écoutent perçoivent cette sincérité.
Pour être visibles, des contacts sont pris avec le milieu culturel.

Rémi Serres a écrit un texte :

Pendant la nuit très souvent quand nous étions sur les pitons de la grande Kabylie notre poste était attaqué, ou plutôt harcelé par les fellagas. Ils arrivaient sur le coup de minuit, tiraient sur le poste et très vite se mettaient à l’abri, ils voulaient faire voir qu’ils étaient là. Très vite chacun de nous courrait à son poste et se mettait à tirer. Pour ma part mon poste c’était une mitrailleuse avec un chargeur de cent cinquante balles sur un Halftrack.

J’allais là et pour ne tuer personne, je tirais des rafales dans le ciel. C’était des balles traçantes qui, à la sortie de l’arme faisait une ligne de feu. Je m’amusais même à faire des dessins en faisant bouger l’arme c’était plutôt rigolo. Ça nous amusait et nous tous nous avions tendance à faire durer ce petit jeu, faut se divertir comme on peut. Mais le capitaine, lui, le responsable du poste et, entre autres des munitions, ça l’amusait moins. Et, très vite il disait : « halte au feu » et encore plus vite il hurlait : « halte au feu ».

Et là, j’aurais envie de dire mais très sérieusement cette fois : Halte au feu entre la Russie et l’Ukraine ! La charte de la 4ACG dis que nous sommes contre toute guerre. Alors, si la 4ACG en avait le pouvoir, elle devrait dire : la guerre, on l’arrête tout de suite, là, à l’instant présent. Une guerre, c’est fait, entre autres pour faire tuer des hommes. Et cet après-midi, au moment où j’écris ces lignes, il aura, peut-être, un ou plusieurs morts à cause de cette guerre. Et même s’il y en avait un seul, c’est un de trop, car c’est le père, le frère, le mari, l’enfant de quelqu’un. Imaginons que ce soit quelqu’un de notre famille, alors nous penserions que nos différences de vue par rapport au malheur qui nous arrive n’ont plus la même importance.

Oui, il faut arrêter la guerre tout de suite.

Nous savons tous, de part et d’autre il y a beaucoup de pertes et beaucoup ne reverront pas leurs enfants ou leurs parents. Bien sûr que nous aimerions tous que ce ne soit pas l’envahisseur qui gagne mais si le prix à payer, c’est encore des milliers de morts, Ukrainiens ou Russes, ils ont tous une famille. Arrêter les armes ne veut pas dire laisser faire l’envahisseur, mais il y a peut-être d’autres moyens. On peut penser à Martin Luther Kim, à Gandhi et dans nos luttes où nous étions engagés : le Larzac, l’aéroport. Au contraire dans ces deux derniers cas, si nous avions pris les armes, nous étions sûrs de perdre. Et même en Algérie, nous sommes souvent revenus là-bas.

Lors de ces voyages, nous avons souvent rencontré des Algériens très engagés pendant la guerre qui nous ont dis : « fallait pas prendre les armes : c’est trop cher payé ». Cinq cent mille morts, plus tous les déplacés qui sont morts de froid, de faim, ça fait beaucoup. Certes, tout comme en Ukraine, il fallait mettre fin au colonialisme, mais, peut-être d’une autre manière, en coupant des routes, en brûlant des récoltes, en n’allant pas au travail, en brûlant des lieux symboliques, en coupant des vignes. Certes, nous aurions eu des morts. Mais peut-être nous serions nous arrivés à la victoire sans autant d’horreurs, de misères et de morts. Nous pensons que parmi nous, les anciens d’Algérie, tous les appelés, tant mieux pour eux, n’ont pas vus des jeunes corps de vingt ans sans vie. Nous qui en avons vu et mème jetés dans le camion. Ils tournent souvent dans nos mémoires et nous ne pouvons que dire : « Arrêtons la guerre tout de suite. »

Nous devrions avoir un compte rendu de ce qui s’est passé au stand « contre la guerre » de la fête de l’Humanité. À suivre…

Lecture d’un texte envoyé par Henri Cazalès

« Anti militariste viscéral, ayant payé pour ça dans les années 70, j’avais rejoint la 4ACG par reconnaissance à ses membres fondateurs engagés dans le soutien aux objecteurs de conscience à l’époque, à leur volonté de réparation et non de repentance ????? qu’en est-il aujourd’hui de l’aide aux agriculteurs Kabyles, à la scolarité des enfants, de soutien aux associations et aux militants réprimés par le pouvoir algérien ? Mon intérêt pour ce pays date de mon enfance lorsque j’accompagnais mes parents dans les manifs, réclamant son indépendance. J’ai partagé la souffrance de ses exilés lors de la décennie noire. Je connais un peu ce pays et je l’aime.

Aujourd’hui, à la lecture des échanges entre adhérents, et à laquelle je ne participe jamais, je n’y trouve dans l’ensemble que propos fumeux et positionnements politicards. Je suis un vieil anarchiste et disciple de Louis Lecoin et j’appréciais dans les quelques rencontres auxquelles j’ai participé, de trouver des gens de sensibilités et d’histoires différentes, mais qui débattaient dans la fraternité et le respect mutuel.

Moi qui ne suis ni stalinien ni munichois bêlant, j’ai choisi de prendre un brin de recul et je ne choisis pas entre deux nationalismes. La guerre en Ukraine est l’affaire entre un impérialisme russo-chinois et américano-occidentaux qui s’arrachent les dernières richesses de la planète et nous n’avons aucune prise sur les décisions des maîtres du monde. Vouloir refaire l’histoire depuis 45 et Yalta, passant par le démantèlement du bloc de l’ouest et la sanglante guerre en Yougoslavie serait terrible. Par contre, la solidarité devrait s’exercer vers les populations qui n’ont rien demandé et se prennent des bombes sur la gueule, vers des individus, autant en Russie qu’en Ukraine qui refusent, s’insoumettent et désertent.

À Montauban, deux jeunes déserteurs russes ont déjà bénéficié du soutien de copains de la CNT-AIT et des contacts avec des opposants libertaires dans les deux pays se poursuivent malgré les difficultés. Il ne faudrait pas oublier que ce conflit qui risque fort de nous atteindre directement, occulte chez nous la répression post-émeutes et post-manifs et la mise en place du SNU dont il faudra soutenir ceux qui ne voudront pas s’y plier. Mais peut-être le malaise actuel de la 4ACG est-il dû à d’autres causes que la situation internationale.

Il est assez courant dans les associations dont les anciens membres vieillissent et qui possèdent quelques subsides, que cela suscite des convoitises. Je sais qu’en prétendant cela, je ne vais pas acquérir de nouveaux amis, mais qu’importe, il fallait que je le dise.

Fraternellement

Henri Cazalès

Réunion 4acg Occitanie du 23 septembre 2023. Compte rendu

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