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Abandon du Musée de l’Histoire de la France et de l’Algérie à Montpellier : les suites...

lundi 7 juillet 2014, par Michel Berthelemy

Nous recevons ce communiqué du comité scientifique chargé du Musée consacré à l’Histoire de la France et de l’Algérie à Montpellier, dont la remise en cause a été actée par le Maire de la ville et Président de l’agglomération.
Rappelons ici que dès l’annonce de ce revirement municipal, la 4acg a affirmé son soutien au comité scientifique en charge du dossier, et relayé l’appel à signer la pétition en faveur du maintien du projet.

Il est toujours possible de signer la pétition :
http://www.change.org/fr/p%C3%A9titions/monsieur-philippe-saurel-non-%C3%A0-l-abandon-du-mus%C3%A9e-d-histoire-de-la-france-et-de-l-alg%C3%A9rie

Voici le communiqué du comité scientifique, adressé à Monsieur Philippe Saurel, Maire de Montpellier et Président de l’Agglomération

"Nous ne comprenons pas votre intention de renoncer au Musée de l’Histoire de la France et de l’Algérie à Montpellier, un an avant son achèvement, alors que le bâti est pour l’essentiel réalisé et que le chantier scientifique est très avancé. Les investissements publics sont importants, dont des dépenses non récupérables de plus de 6 Millions d’Euros en cas de changement de destination du musée. Peut-on accepter un tel gaspillage, disperser des collections uniques aux pièces rares et onéreuses ? Peut-on, sans aucun audit, sans aucune information publique, sans aucune concertation préalable, anéantir d’un coup le travail conduit depuis plusieurs années en toute rigueur scientifique ? Est-il opportun d’illustrer Montpellier par la substitution sans précédent d’un musée par un autre ?

Le musée a pour but de montrer qu’on peut aujourd’hui parler d’un passé conflictuel, tissé de souffrances mais aussi de réelles rencontres et de compréhension réciproque. Il s’agit d’ouvrir de nouvelles perspectives afin que les jeunes générations puissent surmonter les ravages de la guerre des mémoires, puissent comprendre une histoire conflictuelle dans toute sa complexité et ses contradictions, afin d’écrire autrement l’avenir.

Vous avez dit à propos du musée dans votre blog de campagne « Mes convictions » : « J’y suis favorable. J’estime qu’en histoire, il n’y a rien de pire que le non-dit. Concernant le passé de la France en Algérie, il y a eu des heures sombres mais également des moments de gloire, les deux doivent y être décrits. Si cela est fait en toute objectivité, je pense qu’il s’agit de quelque chose d’utile et bénéfique… »

Nous ne pouvons croire que l’élu a oublié les déclarations du candidat. Pourquoi ce qui a été possible dans les relations franco-allemandes ne le serait-il pas pour l’Algérie ? Le projet est innovant, porté par une collaboration sincère, libre et indépendante entre spécialistes des deux pays. Il traite sereinement de sujets souvent instrumentalisés par des polémiques politiciennes ; il veille au respect de tous les vécus et répond aux plus hautes exigences scientifiques.

Il n’y a pas sens à opposer l’art contemporain et l’histoire du passé ; aucune raison d’imposer un choix entre des projets totalement différents, de vouloir servir l’un par la suppression de l’autre ; aucune raison enfin d’anéantir une entreprise généreuse d’éducation citoyenne. Vous affirmez votre attachement à l’espace méditerranéen, votre intérêt pour les relations franco-algériennes, nous ne demandons qu’à l’illustrer avec vous. On ne saurait toutefois tergiverser. Les formules de substitution évoquées ici ou là ne sont pas à même de soutenir l’ambition du Musée de l’Histoire de la France et de l’Algérie. Si les choses devaient rester en l’état, la fin en serait de fait programmée. Ce serait à tous points de vue une faute politique, un gâchis intellectuel, financier et moral.

Nous nous adressons à vous dans toute notre diversité,

 Chercheurs et universitaires, nous soutenons la lettre que le Conseil scientifique vous a fait parvenir. Nous entendons œuvrer au dépassement de polémiques qui desservent nos deux pays et, par un effort commun d’objectivité, mettre l’histoire à disposition de tous les publics,

 Citoyens attachés aux idéaux universalistes, attentifs aux règles démocratiques et à l’usage des fonds publics, nous sommes choqués de voir le bien et l’intérêt publics traités de la sorte,

 Français et Algériens de toutes professions, femmes et hommes de tous horizons, nous tenons à ce projet inventif de coopération entre Nord et Sud de la Méditerranée, qui contribue au rayonnement de Montpellier et s’inscrit dans la tradition humaniste de son Université,

nous vous demandons instamment, Monsieur le Maire de Montpellier, Président de son Agglomération, de reconsidérer vos intentions quant au Musée de l’Histoire de la France et de l’Algérie. De ne pas supprimer cet espace novateur de dialogue, et faire que les entraves du passé deviennent une chance pour l’avenir."

Les membres des conseils scientifiques :

Jean-Robert HENRY, Jean-Pierre BERTIN-MAGHIT, Emmanuel BLANCHARD, Pierre BOUTAN, François BUTON, Omar CARLIER, Dominique CASAJUS, Sébastien DENIS, Ahmed DJEBBAR, Marc FERRO, Julien FROMAGE, Didier GUIGNARD, Nadjet KHADDA, André LOEZ, Ahmed MAHIOU, Gilbert MEYNIER, Georges MORIN, Philippe OLIVERA, Paul PANDOLFI, Michel PIERRE, François POUILLON, Tramor QUEMENEUR, Frédéric ROUSSEAU, Ouanassa SIARI TENGOUR, Paul SIBLOT, Benjamin STORA, Sylvie THÉNAULT.

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