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Raconter autrement, l’histoire de la guerre d’Algérie
mercredi 27 septembre 2017, par
« Retour en Algérie » le film
Oser dire. Allez à contre-courant. Echanger. Témoigner… Le documentariste Emmanuel Audrain a réalisé un film sur la guerre d’Algérie, guerre racontée par des anciens appelés. « Eux qui s’étaient tus si longtemps, voilà qu’ils parlent », confie Emmanuel Audrain. À quelques jours de la tournée de projections prévue dans l’Aveyron et le Tarn, notamment au Lido, le vendredi 13 octobre à 10 heures, le réalisateur revient sur le cheminement de ce « film-témoin ».
« En 2008, c’est Simone de Bollardière, veuve du général qui dénonça la torture en 1957, qui m’incite à venir à l’assemblée générale des « 4ACG », Association des Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre, qui se tient en Bretagne », raconte Emmanuel Audrain. Ce qui le marque ce jour-là, « c’est ce moment où les nouveaux adhérents se lèvent et se présentent, évoquant chacun leur parcours algérien », poursuit-il. Pour beaucoup, c’est la première fois qu’ils parlent. « J’ai été bouleversé par ce courage d’oser dire. Aujourd’hui, on a du mal à en parler de cette guerre, car il y a beaucoup de souffrances de tous les côtés. Et c’est pour ça que j’ai décidé de faire ce film ». Sa réalisation va s’étaler sur trois années. Il embarque avec lui, six témoins dont deux habitants du Tarn, Rémi Serres, cultivateur à Albi, et Georges Treilhou, agriculteur à Saint-Amans-Valtoret. En 2013, l’équipe de tournage accompagne trois voyages organisés par l’4ACG, et passe plus de 35 jours en Algérie. « Avec un matériel très discret, nous avons filmé du mieux que nous avons pu… Pour nous rendre compte, au stade du montage, que le vrai voyage de ces hommes, était bien sûr, leur voyage intérieur », explique Emmanuel Audrain.
Et lorsqu’on demande à Rémi Serres et à Georges Treilhou, pourquoi le couvercle de la parole ne s’ouvre que maintenant ? Ils expliquent qu’ils racontaient souvent mais que « personne ne voulait les croire. Tous les points noirs, la torture, ça n’existait pas ». Depuis, l’engouement médiatique, la parole des historiens et « l’esprit de résistance » ont pris le dessus. « En tant que derniers témoins, nous essayons de réfléchir, de dire la vérité, et surtout, de savoir pourquoi cette guerre a eu lieu », ajoute Rémi Serres. Des échanges auront lieu après chaque projection. « Et à chaque fois, c’est une surprise agréable avec le public », explique Emmanuel Audrain.
Projections :
Au Lido, le vendredi 13 octobre à 10 heures.
Au festival de Labastide-Rouairoux, le samedi 14 octobre à 13h30.
Une retraite du combattant reversée à des associations
« Quand j’ai eu la possibilité de toucher cette retraite du combattant, je n’ai pas hésité, c’était non. J’avais vu trop de souffrances… », a confié Rémi Serres, cultivateur à Albi et témoin du film « Retour en Algérie ». « Quand j’ai questionné mon ami Georges Treilhou, lui aussi cultivateur, il m’a répondu qu’il avait décidé de la demander, et de la reverser à une association. C’est une démarche individuelle, mais si ensemble, on peut lui donner une dimension collective, je suis partant ! », a-t-il ajouté. C’est pourquoi, l’Association des Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre (4ACG) est née en 2004, à l’initiative de Rémi, de Georges et de deux autres cultivateurs. Tous donc, décident de mettre leurs retraites du combattant dans un pot commun, puis ensemble, ils redistribuent cet argent à des associations, en Algérie et en Palestine.
Pauline Brassart
source : La Dépêche. Raconter autrement, l’histoire de la guerre d’Algérie
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