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Assia Djebar et les femmes écrivains algériennes

jeudi 12 février 2015, par Gérard C. Webmestre , Olivier Balvet

Née le 30 juin 1936 à Cherchell, de son vrai nom Fatma Zohra Imalhayène, Assia Djebar est décédée vendredi 6 février dans un hôpital parisien. Auteure de romans, poésies et essais traduits dans 23 langues, elle a également écrit pour le théâtre, et réalisé plusieurs films. Ses obsèques auront lieu vendredi 13 février dans sa ville natale.
Notre ami Olivier Balvet, spécialiste 4acg de la littérature algérienne, tient ici à lui rendre hommage.

Assia Djebar vient de nous quitter. Elle a été la première femme maghrébine élève à l’École Normale Supérieure de Sèvres, élue à l’Académie royale de Belgique, puis à l’Académie française… bien à contre-courant de ce que peuvent attendre les machistes et néocoloniaux que nous sommes toujours un peu…

Un oiseau rare : femme, algérienne, écrivaine, engagée dans la lutte pour l’indépendance, pour toutes libérations et en particulier pour l’émancipation des femmes. Consultez sur de nombreux sites sa biographie, la longue liste de ses écrits et l’admiration qu’on lui doit.

Ayant pris un pseudonyme signifiant Consolation Intransigeance, cette femme remarquable nous donne l’occasion de découvrir qu’elle n’est pas la seule femme algérienne écrivain et combattante, certaines ayant même été menacées de mort pour leurs écrits.

Si la première reconnue est Isabelle Eberhardt, d’origine suisse puis ayant épousé totalement l’Algérie, il y a eu l’admirable conteuse, chanteuse et écrivain Taos Amrouche.

Plus près de nous, celles qui ont connu la guerre d’indépendance et en parlent avec leur propre vécu, retenons au moins, avec Assia Djebar, Leïla Sebbar dénonçant tous les drames d’hier et d’aujourd’hui, Fadela M’Rabet, Zoulikha Saoudi, Aïcha Lemsine, ou encore la poétesse Anna Greki.

Et depuis l’indépendance, une priorité de lecture est à donner à Maïssa Bey, qui nous dit avec passion son enfance, son pays, ses combats, et puis Ahlem Mosteghanemi assurant une émission de poésie à la radio, Aïcha Kassoul férue de Camus, Soumya Ammar-Khodja, Yamina Mechakra, Malika Mokeddem, Latifa Ben Mansour, Tassidit Imache, Nina Bouraoui, Leïla Aouchat, Nora Hamdi, Djamila Zenir, la conteuse Nora Aceval, et que celles, trop nombreuses, que je ne cite pas ici, me le pardonnent.

Personnellement, je suis très loin d’avoir lu tous les livres d’Assia Djebar, et de connaître toutes les écrivains que je viens de citer… mais je suis sûr d’avoir toujours de grandes découvertes à faire et ne peux que vous inviter à partager avec moi leurs livres et à voir, avec leurs regards de femmes, un visage parfois surprenant de l’Algérie.

Kateb Yacine a écrit : « Actuellement, en Algérie, une femme qui écrit vaut son pesant de poudre ». Un grand hommage qu’il rend, et que l’on ne peut que partager, à elles toutes et bien évidemment à Assia Djebar, qui vient de nous quitter.

Pour en savoir plus :

La littérature algérienne
mise à jour février 2015

Olivier Balvet

Photo Assia Djebar, vers 1992. Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Assia_Djebar.jpg

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