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Beau succès populaire pour le Salon anticolonial de Paris

vendredi 20 février 2015, par Michel Berthelemy

Beaucoup de monde, des conférences, rencontres, débats, des stands associatifs du monde entier, un salon du livre, des concerts : il y en avait pour tous les goûts ces 14 et 15 février dans ce lieu sympathique de La Bellevilloise à Paris. Et nous étions plusieurs de la 4acg, dont son Président, à être présents, avec nos ami(e)s les Réfractaires, tout au long de ces deux jours.

C’est Bachir Ben Barka, le fils du responsable politique marocain assassiné à Paris le 29 octobre 1965, qui a inauguré cette année ce grand rendez-vous festif, culturel et militant qu’est devenu le Salon anticolonial. C’est aussi lui qui a animé la première rencontre du Salon, à laquelle étaient invitées Malaak Shabazz, la fille de Malcolm X, et Basma Khalfaoui, l’épouse du syndicaliste tunisien Chokri Belaïd, assassiné en janvier 2013.
Pour Malaak Shabazz, la situation actuelle en France peut se comparer à celle qui prévalait il y a quelques années aux Etats-Unis : méfiance généralisée, absence de lien social, indifférence à l’autre. Aujourd’hui, dit-elle, un américain est américain avant tout, quelle que soit son origine. Alors qu’en France, on est communautariste avant d’être français. Murmures de désapprobation dans la salle...
Bachir Ben Barka évoque ensuite les assassinats politiques, qu’il considère comme une volonté de prise de pouvoir par la violence, piétinant au passage l’idée même de démocratie.
Quant à Basma Khalfaoui, elle s’est dit inquiète de la situation en Tunisie, craignant qu’à tout moment le terrorisme islamiste vienne balayer les efforts des responsables politiques et de la population pour instaurer la démocratie. Enfin, elle dit craindre que le silence entourant la mort de son mari soit le même que celui observé jusqu’à ce jour face à l’affaire Ben Barka.

En dehors de ces rencontres-débats, d’autres grandes figures ont été évoquées au cours de ces deux jours, parmi lesquels Thomas Sankara, Frantz Fanon, Eloi Machoro. La Palestine a été au centre de nombreuses discussions, ainsi que les nouvelles formes de colonialisme dans le monde : pillage des richesses, achats massifs de terres par les grandes puissances, paupérisation des petits paysans, néo-esclavage en Afrique et en Asie...

L’un des moments attendus, comme chaque année, était celui des remises de Prix. De nombreux candidats étaient en lice. Voici les résultats :

Le Prix 2015 du Salon anticolonial est revenu à Olivier Le Cour Grandmaison pour son livre « L’Empire des hygiénistes », paru en 2014 chez Fayard.
L’ouvrage traite des sciences dites « coloniales », qui, prospèrent comme des disciplines spécialisées au sein de la sociologie, de l’ethnologie, du droit, de la géographie, de l’histoire et de la médecine, en prenant comme objets spécifiques d’études les colonies et les autochtones qui y vivent. Ces sciences contribuent à diffuser une conception hiérarchisée du genre humain : séparation entre européens et indigènes, pratique du travail forcé, maintien de l’esclavage domestique.

Le Prix spécial des libraires a été décerné à l’ouvrage de Shi Khan Lin et Tony Perez, « Scottsboro, Alabama : de l’esclavage à la révolution » (collection Art Graphique, 2014).
Un recueil de 118 linogravures sur l’une des plus célèbres batailles juridiques et politiques de l’histoire américaine : en 1931, neuf jeunes Noirs sont accusés à tort d’avoir violé deux femmes blanches.

Les deux autres Prix ont été remis à des personnes dont le mérite est un peu plus difficile à prouver, sauf en matière d’infamie et d’indignité. Le Prix du Colonialiste 2015 est ainsi revenu de droit à Robert Ménard, le maire de Béziers qui veut débaptiser la « rue du 19 mars 62 » au bénéfice du putschiste OAS « Hélie Denoix de Saint-Marc » .
Quant au Prix du Colon international, il ne pouvait échapper, bien sûr, à Benyamin Netanyaou, le célèbre humaniste assassin sans scrupules de plus de 2000 Palestiniens, hommes, femmes et enfants, au mois d’août 2014.

Week-end riche en rencontres et en prises de contact, en discussions parfois passionnées qui, comme chaque année, permet à notre association d’élargir son audience et de se positionner en partenariat avec d’autres associations et d’autres manifestations.

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