Accueil > Témoignages et documents > Fellagha, mon frère...

Fellagha, mon frère...

dimanche 12 juillet 2015, par Michel Berthelemy

Fellagha, mon frère, je te reverrai toujours
dans la faible clarté du petit jour...
s’annonçait un beau jour d’hiver
près du village de Zérizer.
C’était, si ma mémoire ne flanche,
au lieu-dit de la "ferme blanche".
O Fellagha mon frère, je te revois tous les jours
dans la faible lueur du petit jour.
Les chasseurs de Morritz t’ont tiré hors de la jeep
où tu gisais, mains liées dans le dos
et le nez contre les rangers des soldats.
A quoi pensais-tu, pendant cet ultime voyage ?
A tes sœurs, à tes frères, à tes parents,
à ton épouse, à tes enfants
restés seuls, là-bas, dans le mechta ?
Pensais-tu à tes compagnons d’infortune
aux vies sauvées par ton mutisme
ou bien priais-tu Allah, ton Dieu ?
Un des soldats t’a bousculé jusqu’au milieu de la cour
le PM a aussitôt craché sa salve mortelle.
Tu t’es affaissé sans un cri.
Dans un gourbi proche, des enfants
dérangés dans leur sommeil
se mettent à pleurer...
Une à une les étoiles s’éteignent
dans le ciel sans nuage.
La journée sera belle...
O Fellagha mon frère, je te reverrai toujours
au milieu de la cour
dans la faible clarté du petit jour.

ce texte, écrit par un appelé du contingent, est extrait de l’ouvrage "La vie de soldats bretons dans la guerre d’Algérie" , publié chez L’Harmattan en 2001.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.