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Le raï, une histoire algérienne

samedi 6 avril 2024, par Michel Berthelemy

“Le raï, une histoire algérienne” : sur France Culture, la saga d’une musique qui a toujours su parler au peuple Il est né dans les champs, a fleuri dans les cabarets, ose parler cru. Pour “LSD, la série documentaire”, Hajer Ben Boubaker retrace l’histoire de ce genre musical en quatre épisodes passionnants, à réécouter en podcast. Entretien.

Télérama, Elise Racques, 20 mars 2024

Collégienne, Hajer Ben Boubaker a découvert le raï des années 2000 sur les mp3 de ses camarades franco-algériens. Elle en narre aujourd’hui l’histoire dans une série documentaire tournée en Algérie – terrain rare, au vu des conditions d’obtention de visa ! Ce podcast touffu et musical, bien servi par la spontanéité de son autrice, nous emmène en Oranie, des champs des années 1920 aux studios contemporains. Les entretiens avec les artistes algériens sont passionnants et cette interview avec Hajer Ben Boubaker ne l’est pas moins.

Où est né le raï ?
Dans les champs de l’Oranie, après la Première Guerre mondiale. En l’absence des hommes, des femmes marginales travaillent dans le secteur de l’agriculture et chantent. Le raï est donc originellement une musique locale portée par la classe ouvrière agricole féminine. Il deviendra connu par les hommes, qui au départ reprennent les chants féminins, car ils ont plus facilement accès aux studios pour enregistrer des disques. La bascule vers le milieu citadin se fait dans les années 1970, et Oran devient progressivement la capitale du raï, car elle offre des cafés et des cabarets pour accueillir les chanteurs.

« Le raï dit clairement les choses, c’est ce qui fait son succès »

Cette économie se maintient-elle pendant la décennie noire ?
Oui, très bien ! Les cabarets n’ont pas fermé ; d’une manière ou d’une autre, il y a eu des arrangements pour que ces lieux restent ouverts. Mais personne ne veut vraiment l’expliquer au micro. Il faut souligner que l’Oranie a été moins touchée par la guerre civile que la région d’Alger. Pas de maquis, pas de montagne, on est en plaine ; le Groupe islamique armé (GIA) ne pouvait pas se cacher et optait donc pour des assassinats ciblés. Pour revenir au raï, c’est pendant ces années 1990 qu’il entre dans les foyers. Les paroles deviennent plus sentimentales, moins « mauvais genre », et on peut donc les écouter en famille.

Que nous disent ces paroles ?
Elles racontent les difficultés de la vie quotidienne, notamment amoureuses. Le langage est souvent cru, contrairement au genre phare d’Alger, le chaâbi, qui parle aussi d’amour et de sexualité mais de manière métaphorique. Le raï dit clairement les choses, c’est ce qui fait son succès. Cheb Hasni (1968-1994), qui a rendu populaire le raï sentimental, a évoqué son divorce ou ses difficultés de logement. Aujourd’hui, les chanteurs parlent sans tabou d’un médicament-drogue qui circule en Algérie, le « saroukh ». De manière générale, cette musique aborde les préoccupations de la jeunesse et parvient donc à rester à la mode au fil des décennies. La production actuelle est massive, le raï est la musique la plus streamée via YouTube en Algérie, la plus entendue dans les taxis et les lieux fréquentés par les jeunes.

Le raï, une histoire algérienne, dans LSD, la série documentaire, sur France Culture. 4 × 58 mn.
(en podcast)

https://www.telerama.fr/radio/le-rai-une-histoire-algerienne-sur-france-culture-la-saga-d-une-musique-qui-a-toujours-su-parler-au-peuple-7019885.php

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