Les interventions dans les écoles en Pays de Loire

Depuis plus de quinze ans, l’éveil à la vigilance des jeunes, l’un des objectifs prioritaires de la 4ACG, les adhérents des Pays de la Loire en ont fait leur action principale, concrétisée par des dizaines et des dizaines d’interventions en milieu scolaire.

L’exemple du premier semestre 2023 est significatif de cet engagement, riche de douze interventions en établissements publics, privés, maisons familiales, sur les départements de Vendée, dans quatre établissements en Loire-Atlantique, dans quatre établissements en Maine et Loire. Un certain nombre de ces interventions ont fait l’objet d’un compte-rendu sur le site 4ACG. L’une d’entre elles s’est déroulée, pour la première fois, à l’initiative de l’ONAC régionale, dans d’excellentes conditions.

D’abord, des enseignant(e)s, dont les sollicitations sont de plus en plus fréquentes et avec lesquels (les) se tissent des liens d’amitié. Et des élèves (en général, terminales et premières, mais aussi des collégiens) qui découvrent avec surprise la 4ACG et accueillent les témoignages avec émotion, curiosité et grand intérêt, comprenant, par leurs contenus de vécus personnels, l’absurdité de ce conflit algérien, dans lequel un peuple revendiquait sa liberté et son indépendance. Au-delà des précieux échanges suscités par leurs questions et observations, ils nous disent combien ces témoignages apportent un complément et une ouverture d’esprit à leur savoir scolaire sur cette période dramatique.

Comment ça marche ces interventions, en Pays de la Loire ? Une dizaine d’Appelés et Amis volontaires pour témoigner. Pour chaque séance, le groupe 4ACG est composé de 3 à 5 personnes : Anciens Appelés, Ami ayant vécu un drame familial en lien avec l’Algérie, Ami d’origine « pied noir ». Un des membres intervenant, Ancien Appelé, qui a établi le lien préalable avec l’enseignant référent, assure, pendant la séance, le « fil rouge » des différentes séquences de l’intervention.
Le déroulement, avec l’expérience, est aujourd’hui bien maîtrisé, même s’il y a, parfois, des surprises.

Un exemple, inattendu, le témoignage d’une enseignante de lycée, française d’origine algérienne, dont le grand-père paternel haut gradé de l’ALN est mort sous la torture, son corps n’ayant jamais été retrouvé ; son grand-oncle paternel, également dans l’ALN, ayant été retrouvé mort dans une forêt, enfin, son grand-oncle maternel, harki dans l’armée française, qui pourra quitter l’Algérie à la fin du conflit, fera sa vie en France, mais ne retournera jamais en Algérie, ne reverra jamais sa famille : un témoignage fait pour la première fois par cette enseignante, à la stupéfaction de ses collègues et des élèves présents lors de cette intervention 4ACG.

Autre exemple surprenant : dans les jours précédant l’intervention, les enseignant(e)s, avec les élèves concernés, avaient installé une expo panneaux sur le thème de la guerre d’Algérie, dans le hall du lycée. Mais, de l’autre côté du hall, surprise de voir, sur une table, des textes très « patriotiques » et des drapeaux de l’association locale des AC… En fait, initiative d’un élève à l’éducation plutôt « Rassemblement National » !

Le contenu des interventions : introduction par l’enseignant(e) référent(e) – présentation de la 4ACG, des intervenants – support vidéo (film Retour en Algérie ou Ce que la guerre a fait de nous) – témoignages personnels – parole aux élèves pour un vrai temps d’échanges – conclusions par l’enseignant(e) référent(e) et le référent du groupe 4ACG – diffusion de plaquettes et (parfois) vente de livres 4ACG, notamment pour les centres de documentation.

Les témoignages, dont certains figurent dans le livre 4ACG « Guerre d’Algérie – Guerre d’Indépendance », sont le reflet des diverses expériences vécues. Chacun ayant conservé en mémoire, les faits, les situations, les aspects qui lui ont semblé les plus significatifs pendant sa période en Algérie, mais également avant et après, via ce cheminement qui fait de chacun, à sa manière, un militant de la paix aujourd’hui.

Car, dans la dernière étape de leur vie, c’est bien ce message de paix qu’ils veulent transmettre, du contre la guerre, de l’amitié entre les peuples. Ils témoignent aussi, devant les jeunes, de la manière chaleureuse dont ils ont été accueillis, à l’occasion d’un voyage en Algérie, y compris de la part d’anciens combattants du FLN. Quelle belle leçon !

Quand ils voient ce qui se passe, en ce moment, en Ukraine, ils disent inlassablement qu’aucun conflit ne peut se résoudre par les armes, que la guerre est un engrenage infernal qui conduit à la barbarie, que nul homme n’en revient intact, que ceux qui sont morts en Algérie n’ont pas donné leur vie, mais qu’on leur a volée !

Voilà ce qu’ils essaient de transmettre, pour que, dans leurs responsabilités citoyennes futures, les jeunes puissent dire haut et fort « plus jamais ça » et qu’ils en inventent les moyens !

Élie Charrier