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"Retour en Algérie" : débats autour d’un film... Rennes

vendredi 14 mars 2014, par Anne Doussin

Ce samedi 8 mars 2014, la salle du cinéma Arvor à Rennes a accueilli plus de cent spectateurs, et autant le dimanche, pour la présentation du film « Retour en Algérie » d’Emmanuel Audrain.

Un retour intérieur sur un passé douloureux pour les anciens appelés qui témoignent dans ce film, un retour sur les lieux de leur jeunesse, cinquante ans plus tard, c’est ce que nous partageons avec eux. Simone de Bollardiére, femme du Général Jacques de Bollardiére, qui s’était opposé à la torture lors de la guerre d’Algérie, témoigne aussi avec toute la conviction que nous lui connaissons.

Emmanuel Audrain et Simone de Bollardière

Ce film montre aussi la volonté de ces anciens appelés, exprimée par les actions de l’association 4acg à laquelle ils appartiennent : comment reconstruire des liens entre les deux peuples ? Ne s’agirait-il pas de perpétuer plutôt que reconstruire, car ces liens, issus d’une longue histoire commune, sont restés vivants. En témoigne cet accueil chaleureux que chacun d’entre nous reçoit en posant le pied en Algérie : « Soyez les bienvenus... », « Vous êtes ici chez vous ... », « La France et l’Algérie , on est comme ça », accompagné de ce geste symbolique : les doigts de leurs deux mains s’entrecroisant.

Les deux jours, la projection était suivie d’un débat, en présence d’Emmanuel Audrain, le réalisateur, de Simone de Bollardière et de membres de la 4acg dont Stanislas Hutin.

Le public était majoritairement composé d’associations, dont des associations d’Algériens. C’est ainsi que le débat a amené plusieurs témoignages d’anciens appelés ou militaires de cette guerre, et aussi d’Algériens.

Les commentaires :

Un spectateur, découvrant le film, l’a qualifié de premier film exprimant son ressenti exact de jeune appelé.
Un film de cœur.../...réaliste. Née en 1950, cette personne a vécu en Algérie et garde des souvenirs de la bataille d’Alger.
Un algérien, absent mais ayant lu le synopsis, tient à passer ce message : « L’avenir va effacer toute la haine qu’a engendrée cette guerre »
« ....Pas une attaque contre la France, mais contre ce monstre qu’est la culture coloniale. »
A travers l’exemple de camps de vacances organisés à Crozon pour de jeunes Algériens : « Travailler davantage entre les deux sociétés civiles », pour construire une Méditerranée de paix.
Une femme Kabyle fait part de son émotion à l’écoute des témoignages des appelés. Sa famille, dans la mouvance humaniste, a toujours été opposée au régime colonial depuis 1830, et a subi la répression pendant plusieurs générations. Enfant, elle a vu son père blessé par l’OAS.
Emmanuel Audrain fait un constat : le « délit d’indifférence de notre société actuelle ».
Un membre d’Amnesty International sur la souffrance des appelés : « Les témoins de la torture sont aussi torturés, car atteints dans leur dignité ».
La France devrait aussi reconnaître ses responsabilité par rapport aux Harkis .
La guerre d’Algérie devrait être enseignée dans les écoles . (Un temps réservé dans les programmes existe, il est très insuffisant, parfois le sujet n’est pas traité .)
Un jeune très poignant dans ses interrogations : « Si un jour j’étais dans cette situation, que ferais-je ? »

Dimanche, les interventions ont porté sur le "pourquoi" des guerres, pour aborder la nécessité de la construction de la paix et de l’avenir, avec les jeunes.

Les spectateurs ont aussi bénéficié d’une intervention très documentée sur les aspects politiques actuels de l’Algérie, les aspects économiques, les priorités budgétaires du pays.

Lors de ces séances, trente exemplaires du livre « Guerre d’Algérie, Guerre d’indépendance Paroles d’humanité » ont été vendus. Vous pouvez encore vous en procurer.

Une assistance nombreuse et participative

En conclusion, ce film de qualité, dont vous trouverez ici le synopsis, au-delà de l’émotion qu’il suscite, réveille chez nos deux peuples le désir d’avancer et de construire ensemble l’avenir, dans un respect mutuel . Le film va « tourner » dans des cinémas de l’ouest, il peut être utilisé pour des débats. Dés que le DVD du film accompagné des bonus sera commercialisé, nous ne manquerons pas de vous informer. N’hésitez pas à organiser des soirées autour de ce film !

Extrait du documentaire "Retour en Algérie" Un film de E. Audrain


BA Retour en Algérie


Retour en Algérie, l’histoire de ces anciens "appelés"

http://bretagne.france3.fr/emissions/doc-24-bretagne/actu/retour-en-algerie-l-histoire-de-ces-anciens-appeles.html

Messages

  • Bonsoir,
    Je sors de la projection du film d’ Emmanuel Audrain et,je voudrais donner mon sentiment sur le film en question.J’aurai pu m’exprimer au cours du débat qui a eu lieu à l’issue du film mais,j’avais peur de briser la belle unanimité qui y régnait.
    Voilà,en 1962,j’avais 11 ans. Cela veut dire que j’ai vécu le plus clair de mon enfance pendant la guerre.A 6,7,8 ans et plus,quand on vit dans un climat de répression et de privation,on "grandit" plus vite que les autres enfants de son âge.Aussi,encore enfant,j’ai pris conscience des injustices infligées au peuple Algérien.Je ne rentre pas dans le cas de ma situation personnelle mais je vais à l’essentiel.
    Concernant le film que je viens de regarder,je dirai qu’il a le mérite d’exister.Les jeunes appelés qui croyaient participer à une opération de maintien de l’ordre,ont vu leur conscience heurtée de plein fouet,alors que faire ?Déserter ? Protester ? regarder l’horreur en souffrance et se taire ?Nos jeunes appelés ont attendu le versement de leur pension de retraite militaire pour dire NON,il n’est jamais trop tard vous me direz et vous aurez raison mais,je pense que le film en question participe de la déculpabilisation "collective" et à moindre frais.L’un des témoins disait :"on voyait ce qui se passait ( la torture,la corvée de bois etc..) et on ne pouvait rien faire ;alors pourquoi maintenant ?A la fin des années 30, en pleine montée du nazisme,B.brecht disait :" celui qui ne sait pas et un imbécile,celui qui sait et ne dit rien est un criminel".
    Nos jeunes appelés n’auront pas été criminels jusqu’au bout.Je tiens à rendre un hommage au général De Bollardière dont le courage dans la France de l’époque a été exemplaire.
    PS:J’espère que,cette réponse, ne heurtera pas la sensibilité du modérateur.Je suis prêt à lire une réponse.

  • « Les jeunes appelés qui croyaient participer à une opération de maintien de l’ordre,ont vu leur conscience heurtée de plein fouet,alors que faire ? Déserter ? Protester ? regarder l’horreur en souffrance et se taire ? Nos jeunes appelés ont attendu le versement de leur pension de retraite militaire pour dire NON. »

    Oui ! Je trouve votre jugement bien péremptoire ! Ils avaient 18 ans ces jeunes. A tort ou à raison la majorité était à 21 ans. Je suppose qu’on leur bourrait bien le crâne. Ils ne sortaient pas tous d’un milieu où leur esprit critique avait été cultivé. Il a fallu de nombreuses années avant qu’ils sortent de la frayeur,* du mutisme, qu’ils analysent. Tout le monde n’est pas omniscient à 18 ans.
    * Un copain à moi, engagé politiquement, a refusé sur place de prendre une arme pour tuer, il a été torturé. Par ses supérieurs bien sûr. Il en est revenu à 21 ans avec les cheveux entièrement blancs.

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