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Un " petit " souvenir, qui me fait toujours plaisir

jeudi 6 août 2020, par Jean-Jacques Rettig

C’était mon 3 ? mois d’appelé en Algérie. Après 2 mois de formation de
base, au centre de Beni Messous du Train, dans l’arrière-pays d’Alger, à
50 nous avons été transférés, pour 2 mois, dans le sous-secteur de la
ferme viticole Vidal (souvenir incertain quant à ce nom de famille).
Toujours est-il que les propriétaires ne vivaient pas (ou plus ?) sur
place. Poursuite de la formation, patrouilles, embuscades.

Un soir, après l’appel dans notre immense dortoir (une cave de
plein-pied), le lieutenant et le sergent se sont pointés et ont fait
savoir qu’il leur fallait 2 volontaires. De nombreuses voix se sont
élevées et voulaient savoir de quoi il s’agissait. Les 2 militaires de
carrière (le lieutenant avait déjà fait l’Indochine) sont d’abord
restés énigmatiques, puis sont devenus évasifs… pour enfin lâcher le
morceau : ils avaient 2 prisonniers fellaghas qu’il fallait questionner.

Pour nous tous la chose devenait claire : il fallait torturer. Sur les 50
appelés 49 ont refusé. Un seul a accepté. Un gars de Schiltigheim ou
Hoenheim. Il voulait devenir tireur d’élite… et avait besoin de se
prouver qu’il était quelqu’un, un crac.

Au bout d’une heure et demie, il est revenu blanc comme un fromage,
livide. Les prisonniers étaient attachés sur une planche, tout nus. Coup
de ceinturon, coup de jus (électricité) dans le sexe et la bouche…

Évidemment terrible… pour les torturés et les tortionnaires ; mais
malgré tout remarquable pour les 49 autres (certains n’avaient que
18-19-20 ans). De quoi ne pas perdre espoir.

Jean-Jacques Rettig (classe 60 / 2 / A)