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Sétif en Algérie, l’autre 8 Mai 1945...

samedi 6 juin 2015, par Gérard Webmaster

06/05/2015

http://l-echo.info/article/correze/2015-05-06/setif-en-algerie-autre-8-mai-1945-32761.html

Association 4ACG

Le 8 mai 1945 que l’on va commémorer demain marque la victoire des alliés contre la barbarie nazie. Mais cette date est aussi celle du massacre de Sétif en Algérie. Une tragédie que l’association 4ACG souhaite rappeler.

Le 8 mai 1945, plusieurs manifestations sont prévues en Algérie pour célébrer la victoire. Ce territoire, alors département français, a envoyé de nombreux combattants pour libérer la France de la domination nazie. A Sétif, Guelma et Kerrata dans le Constantinois, des manifestants décident de profiter du défilé pour faire part de leurs revendications nationalistes, bravant les interdictions de l’autorité coloniale. A Sétif, un jeune scout musulman, Bouzid Saâl, est tué par un policier alors qu’il portait un drapeau algérien. La manifestation tourne alors à l’émeute. Celle-ci entraîne la mort de 102 colons. La répression des forces de l’ordre françaises, secondées par des milices de
colons sera féroce. Des milliers d’Algériens sont massacrés. Un drame qui passera inaperçu en métropole du fait du silence complice de l’armée et des autorités françaises. Soixante-dix ans plus tard, les faits restent encore ignorés d’une bonne majorité de français. Pourtant, des historiens considèrent que la guerre d’Algérie a commencé à Sétif le 8 mai 1945.
L’association nationale 4ACG (Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre) se fait un devoir de rappeler ces événements tragiques. Elle a été fondée en 2004 par quatre agriculteurs du Tarn et de l’Aveyron. Ces anciens appelés, alors en âge de toucher la retraite du combattant, refusent de percevoir de l’argent « tâché du sang des Algériens ». « Ils ont alors décidé de reverser intégralement leur pension à des associations menant des projets à caractère social, culturel, humanitaire, auprès des enfants, des femmes etc. en Algérie mais aussi au Maroc ou en Palestine »,
indique Gérard Martin, membre de l’association et ancien appelé.
La structure, qui compte plus de 300 adhérents, intervient aussi auprès des établissements scolaires pour raconter le vécu des soldats. Très attachée au respect des droits de l’Homme, elle œuvre à la réconciliation entre les peuples et à la création de ponts de fraternité, en plus de militer pour la paix. « Quand on constate la montée du racisme actuellement, on se dit que nous avons un rôle à jouer », commente Michel Trignol, membre de 4ACG en tant qu’ami. Des voyages en Algérie sont organisés tous les ans. « On rencontre alors les organismes que l’on soutient, la population. On ne cherche pas forcément à nouer des relations avec les institutions mais à échanger avec les habitants », ajoute Gérard Martin. L’association ne cherche pas à polémiquer mais à dire simplement la vérité sur le passé douloureux qui lie les Algériens et les Français et particulièrement sur les dérives qui se sont déroulées pendant la guerre. « Nous n’avons pas tous commis des choses affreuses, mais certains d’entre nous ont participé à des actes de torture. Il ne faut pas le nier », souligne Gérard Martin. Comme une grande majorité de ses camarades, cet ancien para s’est enfermé dans le mutisme à la fin de la guerre. « C’est grâce à l’association que j’ai commencé à parler de l’Algérie. Cela a été comme une thérapie pour moi. De nombreux soldats ont été traumatisé par ce qu’ils ont vu ou vécu. Le fait de se retrouver ensemble dans l’association a permis à beaucoup d’entre nous de se libérer ».
Dernièrement, l’association a tenu son assemblée générale à Saint-Sauves, dans le Puy-de-Dôme. « Notre présidente d’honneur est Simone de Bollardière, épouse de Jacques Pâris de Bollardière, seul officier supérieur à s’être opposé à la torture en Algérie ». 4ACG a aussi publié un ouvrage collectif intitulé « Guerre d’Algérie, guerre d’indépendance, paroles d’humanité », aux éditions de l’Harmattan, dans lequel témoignent des
anciens appelés, leurs compagnes, des membres du FLN, des harkis, des pieds noirs. « Toutes les victimes de la guerre s’y expriment même si autrefois elles étaient ennemies ». 4ACG compte peu d’adhérents en Limousin. Pour se faire connaître, l’association envisage d’organiser à Tulle une soirée débat avec la projection du documentaire « Retour en Algérie » d’Emmanuel Audrain, dans lequel des anciens combattants sortent de leur silence. « C’est maintenant qu’il faut que l’on s’exprime, on a trop attendu. D’ici dix ans, il sera trop tard », lâche Gérard Martin.

Contact. Plus de renseignements sur www.4acg.org et à jean.miossec laposte.net ou binet.jm orange.fr.


Un collectif et des rassemblements
Le secrétaire d’Etat chargé des anciens combattants et de la mémoire, Jean-Marc Todeschini s’est rendu en Algérie le mois dernier. Le 19 avril, il a rendu hommage aux victimes du massacre de Sétif. Pour le « Collectif unitaire pour la reconnaissance des crimes d’Etat de 1945 en Algérie » dont 4ACG fait partie, son geste symbolique ne va pas assez loin. L’organisation demande l’ouverture de toutes les archives, l’inscription dans la mémoire nationale de ces événements par le biais de gestes forts des plus hautes autorités de l’Etat et plus de communication sur les événements à l’école et dans les médias. Le collectif appelle au rassemblement unitaire ce vendredi à 15 heures sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris et devant toutes les mairies de France.

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